Pourquoi nous devons défendre
la Maison des syndicats à
Evreux
la manifestation a réuni plus de mille protestataires le 9 novembre.On y a annoncé le report de l'expulsion à après les législatives. Victoire ou sujet d'inquiétude ? |
La situation à Evreux est inquiétante. Nous reproduisons, en fin d'article la lettre que Lefrand et Lecornu, maire d’Evreux et président du conseil départemental ont envoyé aux organisations syndicales de l’Eure.
C'est une lettre insultante où est clairement indiquée la volonté de mettre fin à ce qui participe
depuis près d’un siècle aux bonnes relations entre les représentants des
salariés et les collectivités publiques. On peut y sentir la volonté de justifier une politique dure dont le but serait de procéder à l'expulsion sans relogement des syndicats à Evreux. Depuis, parce que les nouvelles vont très vite, les collectivités locales d'Evreux et du Département de l'Eure, courroies de transmission du candidat aux primaires de la droite Bruno Le Maire, ont repoussé la date d'expulsion de quelques mois ... Il n'y a pas là de quoi rassurer à mon avis.
J'y vois les effets contradictoires de la politique de communication cynique de Bruno Le Maire. On fait des déclarations guerrières, pour faire parler de soi, après on recule. On se fait oublier quelques temps, mais on a fait germer une réflexion qui sera bénéfique par la suite. En cas de victoire de la droite, il voudra tout faire pour ne pas se faire oublier. Dans six mois, le rebond de l'affaire de la maison des syndicats lui permettre de ne pas se faire oublier. Les syndicats ont tout intérêt à obtenir des garanties sérieuses avant. Quelques rappel de ce qu'est la maison des syndicats à Evreux, de son utilité et de son histoire.
La ville d’Evreux héberge
depuis 1928 les organisations syndicales. Tel est le cas dans la quasi-totalité
des villes préfectures de France. Cela fait partie de l’Histoire et de la
manière dont les pouvoirs publics ont voulu faciliter les relations entre les
représentants des salariés et la société. C’était dès lors, la reconnaissance
de l’utilité publique des syndicats.
Cette action n’a été remise en cause à
Evreux que pendant l’occupation, c’est à dire que le principe d’hébergement des
syndicats n’a jamais été remise en cause sous
Rappelons les faits. Pour réaliser une opération
immobilière, la ville d’Evreux souhaite se débarrasser des locaux vétustes où
sont logés les syndicats, rue de Pannette. Les syndicats, comme toute personne
hébergée, demandent à être relogés dans des conditions correctes et durables.
Quoi de plus normal pour les organisations syndicales, qui occupent les lieux
depuis longtemps, et où ils rendent un service reconnu.
Les négociations se sont déroulées normalement avec l’ancien
maire d’Evreux, Michel Champredon et avec l’appui du Département présidé alors
par Jean Louis DESTANS. Les premières tensions sont apparues avec la victoire
de la droite aux élections municipales et cantonales. À partir des difficultés créées par les affidés
de Bruno LEMAIRE, les syndicats ont demandé au préfet de l’Eure d’accepter un rôle
de médiateur, qu’il a accepté.
Nous rejetons les arguments de la municipalité et du
département qui font passer les syndicats pour des privilégiés et des
capricieux. Pour dire cela il ne faut jamais avoir mis les pieds dans les
locaux de la rue Pannette, qui n’ont pas connu d’aménagement depuis cinquante
ans.
Une aide historique et nécessaire.
N’en déplaise à Bruno Lemaire, qui veut se trouver un
créneau au sein des primaires de la droite, elle est nécessaire. Cette aide est comparable à l’aide publique fournie aux partis
politiques et contre laquelle Bruno Lemaire et les candidats de droite se
gardent bien de protester, lors même qu’ils utilisent tous les procédés pour en
avoir encore plus. Elle est nécessaire parce que les syndicats de salariés sont
indispensables à de saines relations entre salariat et patronat et que l’ensemble
des relations au sein d’une société moderne et démocratique en dépend. Les
salariés ont besoin d’être défendus, ils ont besoin de choisir qui va les
défendre. Ils ont besoin de syndicats forts et responsables. Et la première utilité
d’une maison des syndicats est de leur donner les moyens de l’accueil et du dialogue entre les salariés
et leurs représentants.
Soyons clairs aussi sur la demande des syndicats. Ils
n’exigent rien d’autre, en tant qu’expulsés, que de retrouver des locaux
adaptés, correspondant au travail qu’ils effectuent déjà auprès des salariés,
des adhérents et des militants du département. Des salles et des bureaux
simples qui permettent de faire leur travail de manière autonome, des salles de
réunion qui peuvent être partagées, bref, l’équivalent d’une simple maison des
associations comme il en existe dans de nombreuses villes, et quasiment toutes
les villes de la taille d’Evreux. Les locaux isolés sur le plan thermique et
acoustique permettraient aussi des économies d’énergie. Les syndicats ne sont
après tout rien d’autres que des associations spécifiques.
Voilà pour recadrer les choses. Les pouvoirs publics, comme
n’importe quel propriétaire, ont pour obligation de reloger leurs locataires
lorsqu’ils veulent reprendre leurs biens pour utiliser les locaux à d’autres
fins. Les syndicats n’en demandons pas plus.
Nous constatons que, au-delà des propos insultants, sous des
argumentations dangereuses et fallacieuses, la ville d’Evreux comme le Département
ne font pour l’instant pas face à leur responsabilité. Nous leur demandons,
solennellement de modifier leur attitude, au nom du million de salariés du
département.
Le parti radical de gauche, au nom des valeurs qu’il défend,
se range sans réserve du côté des organisations syndicales en lutte pour la
défense de leur droit, constitutive des droits du million de salariés du
département de l’Eure.
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