Le départ d'Alain Le Vern est un événement politique majeur |
La première fois que j'ai entendu parler d'Alain Le Vern, c'était en 1990, lors même qu'il m'était présenté comme l'apparatchik du Parti socialiste.
Et, de fait, Alain Le Vern était à la tête du parti socialiste de Seine-Maritime depuis 1981, homme de confiance de Laurent Fabius, et l'on mesure à quel point aujourd'hui, Laurent Fabius a eu raison de faire confiance à cet instituteur rigoureux, tenté par le trotskysme en mai 68, comme une large part de la jeunesse intellectuelle française
A l'époque, le parti socialiste n'avait pas de point fort, mis à part la commune de Grand Quevilly, tenue par Tony Larue, qui une fois devenu sénateur laissait la circonscription, qui recouvrait aussi Elbeuf à Laurent Fabius qui décidait de s'y construire un fief.
elbeuf venait de tomber à gauche, avec quelques communes, mais Rouen semblait vouée à la droite pour toute éternité, ainsi que le Conseil général et la Région marquée encore par la figure de Lecanuet, cependant que Le Havre et la banlieue rouennaise était sous influence communiste durable.
Que de chemin parcouru et quelle magnifique construction que celle du socialisme seinomarin, qui a vu basculer l'ensemble des grandes collectivités du département, ne laissant à la droite et au parti communiste que miettes et rancœur.
Quel bilan pour celui qui, à partir de sa seule présence au comité directeur du parti socialiste, a su se faire élire sur une liste communiste au Petit Quevilly, puis aller se présenter et se faire élire député du coté du pays de Bray, avant de prendre la tête du conseil régional, puis de devenir sénateur.
et le voilà qui s'en va !
Pourquoi ? Parce qu'il n'a plus rien à conquérir ? Parce qu'il a tout réussi ? Parce qu'il voit se réduire le pouvoir d'une Région qui n'en était pas une et n'en avait pas beaucoup ...
Alain Le Vern, comme Laurent Fabius, ne voit pas l'intérêt d'une Grande Normandie ... C'eût pourtant été la seule réponse à l'amenuisement de la Région à la suite de la création à venir de la métropole Rouennaise. La grande Normandie aurait été la logique d'accompagnement d'une grande métropole autour de l'embouchure de la Seine.
Sans doute cette perspective l'a dépassé parce qu'elle allait au delà de la mission qu'il s'était donné au début des années 80.
L'Histoire le regrettera.
Il marque en partant la fin d'une génération construite par et autour de Laurent Fabius. On ne peut que rester admiratif devant le travail accompli. En bon sportif, il a donné le maximum que l'on paouvait attendre de lui.
Bravo Alain et bon vent pour les nouvelles aventures.
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