vendredi 14 décembre 2012

Le cinéma ... l'incroyable histoire de Louviers

Le gâteau des 30 ans présenté par Jean-Edouard Criquioche
gérant des cinémas et Franck Martin. A présent, l'équipement
a acquis sa stature et son statut, battant année après année des
 records de fréquentation. Mais l'équipement est aussi le fruit
 d'un combat ancré dans l'histoire de Louviers.
30 ans de bonheur !
Hier soir, à l'occasion le 30ème anniversaire du grand forum, a été l'occasion de se remémorer l'histoire d'un équipement qui a vécu tous les soubresauts politiques de la ville durant ces trois dernières décennies.
Forcément, chaque anniversaire est l'occasion de revenir à la naissance de l'individu. J'évoquais avec avec Claude Blanluet la première séance de l'équipement. je me souviens qu'alors je tenais bénévolement la caisse mais je ne me souviens pas par quel hasard. Claude Blanluet était secrétaire général de la commune, on dirait aujourd'hui directeur général des services. Moi j'étais simple employé. On faisait un peu avec les moyens du bord.


Cette anecdote personnelle situe la dimension bénévole et militante liée au lancement de l'équipement, qui lui-même était le fruit d'une longue maturation. 
En 1982, tout le monde ne croyait pas en l'avenir du cinéma. c'est un euphémisme ! Je ne parle même pas du cinéma à Louviers, mais je parle tout bêtement du cinéma tout court. Certes Louviers avait vu disparaître ses deux cinémas, l'Eden et le Normandy, mais c'est un peu partout que l'on constatait une diminution de la fréquentation. Le 7e art était donné moribond et l'avenir était à l'écran télé généralisé dans tous les foyers.
Et voilà qu'à Louviers, une ville de moins de 20.000 habitants faisait le pari de rouvrir un cinéma quand deux salles venaient de mourir de leur belle mort. Pire encore, la ville ouvrait trois salles.
On allait voter dans trois mois, et l'on ouvrait trois salles. C'était un pari fou. La défaite aux quelques mois plus tard n'a sans doute rien à voir avec ce pari risqué, mais situait malgré tout les difficultés d'une équipe qui commençait à s'user mais ... qui continuait à prendre des risques.
Pour dire la façon dont on s'était posé la question à l'époque : on s'était demandé si l'équipement devait être public ou privé... avant que la gestion privée ne s'impose. On s'était demandé quel gérant pourrait remporter le morceau ... avant que le gérant des cinémas d'Evreux, Ageorges, ne prenne le dessus ... en expliquant d'ailleurs très bien pourquoi seul l'apport d'un professionnel, connaisseur des réseaux de distribution pourrait permettre la survie des cinémas et que seule cette survie pourrait à l'occasion permettre la diffusion d'oeuvres de cinéphiles.
Bref ! Après des mois, des années de débat, l'équipement était là !
Hélas, trois fois hélas, la municipalité Fromentin Martin allait perdre les élections. Sans doute ne doit-on pas imputer à la municipalité Proust qui lui succéda, la responsabilité de la chute de fréquentation des cinémas, mais toujours est-il qu'on s'est mis après quelques années à parler de fermer l'équipement qui, avec le temps était fermé au public en semaine limitant aux week-ends la diffusion des films. De nouveau le cinéma était sur la phase descendante et le pari était perdu.
Tous les amateurs de cinéma de Louviers se souviennent d'une manifestation organisée par l'opposition d'alors (devenue pour partie la majorité actuelle) exigeant le maintien des activités cinématographiques. 200 personnes s'étaient réuni qui demandaient à la municipalité d'intervenir.... et de fait la municipalité était alors intervenue en faisant distribuer un tract ... par les sapeurs pompiers de Louviers.
Phénomène doublement incroyable, non seulement le maire n'avait pas eu le courage d'affronter les manifestants, mais en plus elle faisait distribuer par des agents municipaux (les pompiers l'étaient encore à l'époque) dont ce n'était ni le statut ni la fonction un tract directement politique ...
Là encore l'anecdote souligne à quel point le sujet était politiquement chaud et s'est finalement traduit par la reprise de l'équipement  par Richard Patry (sur la photo devant le cinéma Mercure), gérant des cinémas d'Elbeuf ...
Il s'agissait d'un pari insensé...  mais cela a marché. Dans des conditions difficiles au début puisque les relations entre gérant et propriétaire (la municipalité est propriétaire des murs) a été très difficile jusqu'au renversement de l'équipe Proust et son remplacement par celle de Franck Martin.
Richard Patry a depuis laissé sa place à Jean-Edouard Criquioche. Ce n'est pas tout. Le cinéma s'est doté d'une très grande salle apte à accueillir les spectacles vivants, qui permettent la collaboration avec la Scène nationale, et qui contribuent à faire de Louviers la capitale culturelle de l'Eure.... tant il est vrai que le cinéma a permis de structure l'action culturelle locale, indépendamment de sa programmation.
Louviers bénéficie maintenant de 5 salles de différentes dimensions, peut accueillir spectacles et congrès et est parvenu à une fréquentation annuelle de 120.000 spectateurs, soit dix fois plus qu'au moment où la municipalité Proust envisageait de la fermer. Le cinéma est maintenant équipé en numérique et peut accueillir les films en 3 dimensions... et va bientôt être équipé de nouvelles petites salles permettant à des petits groupes de faire leur cinéma tout seuls.
Voilà le beau scénario de ces trente années que la soirée d'hier m'a permis de revivre !
Merci à tous.

1 commentaire:

André Notheaux a dit…

Moteur...ÇA TOURNE...ET CE N'EST PAS POUR DEMAIN LE CLAP DE FIN. Cordialement