Bien-sûr, on me dira, comment
ça ? Il avait raison quand ? Quand il était étudiant anarchiste,
leader gauchiste de mai 68, adjoint au maire de Francfort-sur-le Main, quand il terrorisait
l’ordre établi, ou quand il était l’ami du ministre Kouchner ? Quand il
hurlait « élections piège à cons » ou quand il défendait les
alliances entre partis ? Quand il était Français ou quand il était
Allemand ? quand il crée Europe-écologie/les verts ou quand il tape dessus ?
L'oeil vif de Daniel Cohn Bendit, encore une fois en butte à toutes les évidences d'appareil. Cette fois-ci, ce sont les petits calculs politiciens qui font les frais de sa clairvoyance. |
Ben, je vais peut-être vous
surprendre, mais je dirais tout le temps. La carrière politique de Cohn-Bendit se
caractérise précisément en ce qu’elle s’est toujours basée sur les convictions
et l’intelligence d’un enfant de son siècle. A chaque fois il en était
l’intelligence et l’anticipation.
Au-delà des citations, des
maladresses, reste la générosité, les déceptions et les espoirs de sa
génération.
Il a été anarchiste, il a mis en
avant, comme jeune étudiant tout fou, l’importance de la sexualité dans une
société où elle était encore taboue… en gros, il a devancé tout ce qui allait
se produire quelques années plus tard :, la prise en compte du désir dans
la société, avec ses corollaires qui ont été la condition féminine,
l’autonomie, la prise en compte de l’individu, le poids de la structure
familiale, autant de phénomène qui ont transformé tous les aspects de nos
sociétés occidentales.
Bien sur, en étant allemand et
français, Cohn-Bendit, juif allemand revendiqué, s’est posé en universaliste en
général et européen en particulier.
Mais j’arrête là la réponse aux
contradictions apparentes, et qui ne sont en fait que la réponse aux évolutions
sociales d’un individu emblématique. Parce que voilà, les contradictions de
Daniel Cohn-Bendit n’ont jamais été lié à de l’opportunisme et encore moins à
du suivisme.
Lorsqu’en 2009 il crée Europe
Ecologie les Verts, un regroupement au départ complètement électoral, qui fait
un lien entre José Bové et Corinne Lepage, entre Nicolas Hulot et Eva Joly,
entre Dominique Voynet et l’ensemble des associations environnementales, il
offre aux écologistes le moyen de devenir ce parti d’avenir qu’il appelle de
ses vœux.
Et qu’est ce que pour lui un
parti d’avenir ? C’est un parti capable, tout comme lui d’anticiper les
mutations économiques, sociales et environnementales du monde, et d’agir sur
lui pour défendre l’homme dans une dimension généreuse, attentive à l’autre,
respectueuse de la diversité et des aspirations. Pour lui, ce parti, c’est
l’écologie, et cela se comprend : les écologistes sont à la base d’une
mutation du positionnement politique en France et dans le monde occidental.
Pour lui, les écologistes doivent
cesser de se comporter comme l’accumulation de mouvements sectaires, d’intérêts
géographiques, et de gauchistes incapables d’inscrire leur action dans une
démarche positive, capable de faire réellement changer les choses, c'est-à-dire
une démarche réformiste.
Le pari était de transformer les
Verts en vrai parti…
Depuis dimanche, c’est
foutu !
Les délégués d’Europe
écologie/Les Verts (nomination à rallonge, mais EELV, je peux pas !) se
sont prononcés à une large majorité, soutenus par l’état-major du parti, contre
la ratification du traité européen.
Double erreur ! Je me suis
étranglé en entendant Jean-Vincent Placé ce matin à la radio, disant qu’il fallait
marquer la différence, lorsque l’on voyait une coalition entre Merkel,
Hollande, reprenant les préceptes Sarkozyens … cachant ainsi qu’il s’apprenait à
voter joyeusement aux côtés de ce que le monde politique compte de plus
réactionnaire : le front national, le parti communiste, Mélenchon et les
gauchistes … En gros, les Verts ont choisi l’irresponsabilité, et le rejet de
l’Europe, renouant avec un comportement sectaire duquel Daniel Cohn-Bendit
avait essayé de les extraire. Peine perdue !
Ainsi le parti écologiste ne se
contente pas de faire une erreur politique, il renonce au minimum de solidarité
politique qu’impose une gestion gouvernementale. Comment, Jean-Vincent Placé
voudrait faire l’Europe en dehors de Merkel ? Il veut faire l’Europe à lui tout seul ?
C’est à pleurer.
Effectivement, Cohn-Bendit,
voulant éviter de faire parler ses nerfs, a dit qu’il allait laisser tomber son
parti, ce cher parti qu’il a créé … pour l’instant ! En fait, sur le fond,
il n’a plus rien à voir avec eux, parce qu’Europe-Ecologie Les Verts retombe
dans les travers des Verts, précisément … ils ont cessé d’être un projet
politique pour redevenir un lobby écologique, défenseur des nimby, et ballottés par les poussées contradictoires
des petits mondes des attentes individuelles.
Bien avant d’être Vert,
Cohn-Bendit est radical !
Je l’appelle, ainsi que tous les
écologistes déconfits par la dernière décision du conseil fédéral
d’Europe-Ecologie-Les-Verts, à rejoindre d’urgence les radicaux de
gauche !
* La citation complète de Tobie Nathan (photo) est la suivante : nous partageons ce même amour de la modernité en marche, celle qui reconnaît aux pauvres la puissance de la pensée -Ethno roman
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