lundi 24 septembre 2012

Cohn-Bendit, avec nous !

Il a raison, Daniel Cohn-Bendit, comme de nombreuses fois au cours de son existence passionnée. 

Bien-sûr, on me dira, comment ça ? Il avait raison quand ? Quand il était étudiant anarchiste, leader gauchiste de mai 68, adjoint au maire de Francfort-sur-le Main, quand il terrorisait l’ordre établi, ou quand il était l’ami du ministre Kouchner ? Quand il hurlait « élections piège à cons » ou quand il défendait les alliances entre partis ? Quand il était Français ou quand il était Allemand ? quand il crée Europe-écologie/les verts ou quand il tape dessus ?


L'oeil vif de Daniel Cohn Bendit, encore une fois en butte à
toutes les  évidences d'appareil. Cette fois-ci, ce sont les petits
calculs politiciens qui font les frais de sa clairvoyance.
Ben, je vais peut-être vous surprendre, mais je dirais tout le temps.  La carrière politique de Cohn-Bendit se caractérise précisément en ce qu’elle s’est toujours basée sur les convictions et l’intelligence d’un enfant de son siècle. A chaque fois il en était l’intelligence et l’anticipation.

Au-delà des citations, des maladresses, reste la générosité, les déceptions et les espoirs de sa génération.

Il a été anarchiste, il a mis en avant, comme jeune étudiant tout fou, l’importance de la sexualité dans une société où elle était encore taboue… en gros, il a devancé tout ce qui allait se produire quelques années plus tard :, la prise en compte du désir dans la société, avec ses corollaires qui ont été la condition féminine, l’autonomie, la prise en compte de l’individu, le poids de la structure familiale, autant de phénomène qui ont transformé tous les aspects de nos sociétés occidentales.

Bien sur, en étant allemand et français, Cohn-Bendit, juif allemand revendiqué, s’est posé en universaliste en général et européen en particulier. 

Mais j’arrête là la réponse aux contradictions apparentes, et qui ne sont en fait que la réponse aux évolutions sociales d’un individu emblématique. Parce que voilà, les contradictions de Daniel Cohn-Bendit n’ont jamais été lié à de l’opportunisme et encore moins à du suivisme.

Lorsqu’en 2009 il crée Europe Ecologie les Verts, un regroupement au départ complètement électoral, qui fait un lien entre José Bové et Corinne Lepage, entre Nicolas Hulot et Eva Joly, entre Dominique Voynet et l’ensemble des associations environnementales, il offre aux écologistes le moyen de devenir ce parti d’avenir qu’il appelle de ses vœux.

Et qu’est ce que pour lui un parti d’avenir ? C’est un parti capable, tout comme lui d’anticiper les mutations économiques, sociales et environnementales du monde, et d’agir sur lui pour défendre l’homme dans une dimension généreuse, attentive à l’autre, respectueuse de la diversité et des aspirations. Pour lui, ce parti, c’est l’écologie, et cela se comprend : les écologistes sont à la base d’une mutation du positionnement politique en France et dans le monde occidental.

Pour lui, les écologistes doivent cesser de se comporter comme l’accumulation de mouvements sectaires, d’intérêts géographiques, et de gauchistes incapables d’inscrire leur action dans une démarche positive, capable de faire réellement changer les choses, c'est-à-dire une démarche réformiste.

Le pari était de transformer les Verts en vrai parti…

Depuis dimanche, c’est foutu !



Jean-Vincent Placé, Sénateur Vert. Le calcul politique ne paye
que s'il s'appuie sur la cohérence.En refusant  le traité européen 
 au nom du fédéralisme, il laisse croire qu'on peut faire l'Europe 
tout seul et rejoint les plus grands ennemis de l'Europe 
 

Les délégués d’Europe écologie/Les Verts (nomination à rallonge, mais EELV, je peux pas !) se sont prononcés à une large majorité, soutenus par l’état-major du parti, contre la ratification du traité européen.

Double erreur ! Je me suis étranglé en entendant Jean-Vincent Placé ce matin à la radio, disant qu’il fallait marquer la différence, lorsque l’on voyait une coalition entre Merkel, Hollande, reprenant les préceptes Sarkozyens … cachant ainsi qu’il s’apprenait à voter joyeusement aux côtés de ce que le monde politique compte de plus réactionnaire : le front national, le parti communiste, Mélenchon et les gauchistes … En gros, les Verts ont choisi l’irresponsabilité, et le rejet de l’Europe, renouant avec un comportement sectaire duquel Daniel Cohn-Bendit avait essayé de les extraire. Peine perdue !

Ainsi le parti écologiste ne se contente pas de faire une erreur politique, il renonce au minimum de solidarité politique qu’impose une gestion gouvernementale. Comment, Jean-Vincent Placé voudrait faire l’Europe en dehors de Merkel ?  Il veut faire l’Europe à lui tout seul ? C’est à pleurer.

Effectivement, Cohn-Bendit, voulant éviter de faire parler ses nerfs, a dit qu’il allait laisser tomber son parti, ce cher parti qu’il a créé … pour l’instant ! En fait, sur le fond, il n’a plus rien à voir avec eux, parce qu’Europe-Ecologie Les Verts retombe dans les travers des Verts, précisément … ils ont cessé d’être un projet politique pour redevenir un lobby écologique, défenseur des nimby,  et ballottés par les poussées contradictoires des petits mondes des attentes individuelles.
 



 
Or, Cohn-Bendit a raison, nous partageons ce même amour de la modernité en marche *, cette modernité insensible aux leçons et aux dogmatismes, qui va plus vite que la pensée politique, qui ridiculise tous les calculs politiciens… cette modernité radicale, portée par l’homme en quête de son émancipation.

Bien avant d’être Vert, Cohn-Bendit est radical !

Je l’appelle, ainsi que tous les écologistes déconfits par la dernière décision du conseil fédéral d’Europe-Ecologie-Les-Verts, à rejoindre d’urgence les radicaux de gauche !

* La citation complète de Tobie Nathan (photo) est la suivante : nous partageons ce même amour de la modernité en marche, celle qui reconnaît aux pauvres la puissance de la pensée -Ethno roman


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