mardi 26 juin 2012
Contre révolution aux Monts ?
C'est une histoire très simple à l'origine. Dans le cadre du Plan local d'urbanisme, la municipalité de Louviers décide de permettre la création de trois maisons au sein d'une zone de près de 300 maisons située sur les hauts de la commune ... et c'est le branle-bas de combat !
Voilà qui semble incompréhensible, qui semblerait incompréhensible si les trois familles concernées par l'espace réservé au Plan local d'urbanisme ne faisaient partie de la communauté des "gens du voyage".
Je précise : il s'agit de gens du voyage en voie de sédentarisation. De ces gens du voyage qui, pour reprendre la belle formule de Greame Allwright, ne veulent plus voyager (pour le plaisir des nostalgique, écouter emmène moi !).
Alors voilà, ces trois familles qui depuis des années s'évertuent à trouver un bout de terrain pour installer une caravane sur un lopin, ces trois familles qui ont fini par trouver un accord avec la municipalité, quelque chose qui ne mette pas à mal les règlements d'urbanisme, dans un terrain qui ne détruise aucun paysage, dans un terrain où il se sentent bien, ces trois familles devaient enfin avoir droit au bonheur ... Que tchi !
Que tchi ! C'était sans compter sans la sale rumeur, sans ce qui construit dans le collectif le rejet de l'autre, la peur et le repli sur soi ! Imaginons ce qui, alors que ce projet pourrait au maximum gêner un ou deux voisins grincheux, va soulever la population de ce qui n'était même pas un quartier mais un ensemble disparate de populations, regroupant des constructions chics, des pauvres baraques, des habitants jouissant de vues magnifiques, dont les descendants de Pierre Mendès France, des pavillons, qui tous se sont levés d'un seul corps contre un danger qui n'existait pas : le tzigane, le manouche, le romanichel, le gitan et à tout prendre, le voleur de poules ... et d'enfants !
Une misère d'accumulation de préjugés ! Mais comment donc une poignée d'éplucheur de textes, de fouille-mélasse, de chercheurs de chiques, a-t-elle réussi, sans peine à semer la panique dans toute une population ?A faire en sorte qu'un quelconque populiste aurait pu l'emmener par le bout du nez avec pour seul dénominateur commun, la peur de l'autre, la peur de l'étranger !
Ah ! Il fallait voir ça hier ! Un grand moment ... quand dans le public fusaient les "oui, on est raciste ! et fiers de l'être ! et personne pour les faire taire, avec simplement dans l'idée que celui qui crierait le plus con aurait forcément raison, plus raison que le voisin.
Quelle horreur de voir aussi ceux que l'on aurait pu croire tenir aux valeurs républicaines, ou aux valeurs humanistes s'associer aux voix de la honte. Ainsi, Thouément, conseiller municipal trotskyste, sous couvert des antiennes du "toujours plus" choisissait de se montrer solidaire du peuple du rejet, et Olivier Aubert, conseiller municipal Ump, de se faire thuriféraire du discours de Grenoble, voyant des manouches partout et promettant aux habitants des Monts le danger absolu, un hameau où la multiplication des caravanes rendraient toute circulation impossible, la dégradation certaines des biens des habitants, et promettre un quartier mis à feu et à sang par l'arrivée de trois malheureux. Quelle honte, quel dégoût, et quelle victoire sur les esprits de ce Patrick Buisson, l'anti gaulliste primaire que Baroin voudrait voir remis aux oubliettes.
On peut en rire, bien entendu, mais on est bien obligé d'en rire jaune. L'Histoire ne cesse de nous donner ses terribles leçons ... le racisme, est certes une bêtise avérée, mais quand elle devient une logique politique, elle mène inéluctablement au désastre. Malheureusement, nazisme et apartheid n'ont hélas pas constitué l'aboutissement de la folie humaine. La Bosnie, le Rwanda et la montée des populismes ne peuvent être comparés à la folie des Monts ... mais ce qui vient de se passer montre à quel point une opinion publique peut se monter à partir de rien.
De quoi faire peur, assurément, mais de quoi montrer en contrepoint, à quel point l'action politique est indispensable, à quel point l'humanisme est un combat, à quel point jamais on ne pourra se permettre de baisser les bras devant l'abjection que représente le rejet et le mépris de l'autre, de sa personnalité, de sa diversité et de sa culture.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
4 commentaires:
Mon " cher ami Taconet". Je n'ai pas vérifié l'information, alors bien sûr elle est à prendre avec des pincettes. Jacky Bidault, adjoint au maire de Louviers, et lui-même habitant des Monts, aurait signé la pétition des habitants du quartier. Pouvez-vous nous le confirmer ?
Dans l'atente de vous lire...
François Charmot
Allons François, mets toi à l'aise ! je constate qu'alors que les socialistes lovériens soutiennent le plu de la municipalité, tu viens mettre ton grain de sel ! décidément, quels grands enfants ces socialistes ;)
olivier taconet
12Ah voilà "Charmot le Bienheureux"
L'homme qu'a vu l'homme, qu'a vu l'homme, qu'a vu l'ours ...!
Notre GRAND reporter est sur une piste ?
le chic pour se poser des questions qui ne se posent pas... Allons, un peu de hauteur de vue ! Louviers n'est pas La Rochelle !
Enregistrer un commentaire