Il faut dire, on entrait dans cet ensemble gris et immense dès l'âge de 11 ans. On y croisait des grands, des très grands, qui avaient déjà le bac, les classes prépas... et on se sentait tout petit pendant des années. Il n'y avait que des garçons, le charme en était exclus ... et puis, malgré tout, cette image de rigueur s'est écroulée en mai 1968. Une période où l'on a rêvé, où l'on s'est retrouvé en fraternité ... pour quelques jours, pour quelques mois, après, c'est moi qui me suis trouvé exclus.
C'est la vie !
Je garde cependant du lycée Corneille des souvenirs très forts, et au cœur de ceux-ci, la rencontre avec des amis qui le sont restés : Franck Martin en tout premier lieu, qui allait accompagner toute mon existence.
Voilà pourquoi je ne pouvais pas louper l'inauguration de la chapelle Corneille ce quatre février 2016, un demi siècle plus tard.
C'est toujours un grand moment quand l'histoire personnelle rencontre d'autres histoires, voire l'Histoire et qu'un lieu permet de repenser sa propre histoire.
Jeudi donc, après 15 ans de travaux qui ont coûté 9,4 millions d'Euros, la chapelle Corneille était inaugurée.
Je passe sur l'histoire du monument. Hervé Morin, dans son discours inaugural y a brièvement fait allusion. La première pierre de ce collège Jésuite, se situait dans le prolongement de ce quartier de Rouen sous la domination de l'Eglise. L'abbaye Saint-Ouen, qui est devenue l'Hôtel de Ville de Rouen, était attenante à ce qui allait devenir la Chapelle de l'institut Jésuite qui allait enseigner le jeune Corneille bien avant que celui-ci ne donne son nom à l'établissement.
Marie de Médicis a été déposer la première pierre de la chapelle en 1716. Hervé Morin, tout nouveau président de la Normandie l'a rappelé dans un discours plein de gratitude envers la gauche régionale à l'origine du projet. Pour en revenir à Marie de Médicis, à peine avait-elle prononcé son discours qu'un falcon l'a emmené à Bordeaux marier le petit Louis XIII à la petite Anne d'Autriche... ( à l'époque, la ligne Tgv Paris-Bordeaux n'est pas achevée).
Les deux tourtereaux ont 14 ans et c'est une autre histoire qui commence. La grande !
Pour ce qui concerne notre chapelle... Bon, disons-le, elle a la taille d'une église, elle est énorme, mais on la laisse dépérir au fil des siècles. L'état la classe monument historique en 1908, mais avec tout le patrimoine à restaurer dans la ville aux cent clochers on a bien d'autres chats à fouetter que de s'occuper de ce bâtiment que personne ne réclame.
Je voudrais à ce sujet raconter une anecdote familiale. Mon grand frère, alors potache s'était débrouillé pour y avoir accès régulièrement entre midi et deux et se débrouillait pour y chanter des paillardes, accompagné par un copain à l'harmonium.
Une autre approche de la sphère. On sort effectivement de l'esprit de chapelle. Il n'empêche, sans loi de 1905, sans décentralisation, jamais la chapelle n'aurait poursuivi son existence. |
Et d'ailleurs, c'est vraiment à partir de la présidence d'Alain Le Vern que les choses vont bouger. Travail poursuivi par Nicolas Mayer-Rossignol. L'auditorium est donc le fruit de la décentralisation, qui a permis à la Région d'agir et de reprendre au lycée Corneille, ce monument appelé à vivre une nouvelle existence.
Ainsi la Chapelle est-elle, au fil des ans, et après des siècles de sommeil, devenue selon Oswald Sallaberger, le lieu de la meilleure acoustique d'Europe.
Après avoir été église, chapelle, et encombrant vestige, elle rencontre un nouveau destin en devenant la plus belle salle de spectacle de Normandie.
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