La Syrie d'aujourd'hui me fait penser à l'Espagne d'hier. Au bord de la Méditerranée, près de la France, au sud, des hommes se déchirent et l'on n'a pas beaucoup à faire pour entendre leurs cris. L'occident, maintenant comme en 37 n'a rien opposé que son silence. Or, être silencieux, c'est être complice. Sur ce sujet on en me verra pas joindre ma voix à celle du Front National, de Mélenchon et autres paranoïdes parfois payés directement par les dictateurs et ayatollahs de tout poil ! Elle recouvre le terrible repli sur soi, la pose de boule quiès face à un monde qui hurle, le tout justifié par un verbiage insupportable.
Gazage de la population, nous sommes responsables !
Aussi, avant même de défendre ou pas une option militaire qui a cependant toute chance de se produire, je voudrais m'opposer à tout un ensemble d'argumentations qui me font bondir. Elles me font bondir parce que précisément, je pense qu'on a trop tardé pour intervenir, et que le fait même qu'on ait attendu un gazage de la population pour intervenir montre à quel point nous sommes en faute, et responsables de ce gazage. Nous savions en laissant faire un dictateur capable de bombarder sa propre population, qu'il serait bientôt capable de la gazer.
Est ce que nous avons vraiment les preuves ?
Je vais être clair ! Les preuves, nous ne les avons pas, et nous les avons. Les preuves nous ne les aurons vraiment que dans très longtemps. Tous les massacres de l'histoire ont laissé des preuves assourdissantes que personne n'a voulu voir ... tout simplement parce que la guerre ne laisse pas de place aux scrupules. Le massacre de Katyn où les russes ont procédé à l'assassinat de 22.500 cadres polonais dans le but de soumettre une population, Guernica, terrible préliminaire à la deuxième guerre mondiale, n'ont été définitivement prouvés et reconnus qu'au bout d'un demi-siècle. Je ne parle pas des camps de la mort de la deuxième guerre mondiale ! Mais dans ces trois cas, comme dans celui de la Syrie d'ailleurs, l'occident savait. Depuis que François Hollande est au pouvoir, les éléments sont sans cesse donnés par l'Etat Français sur la réalité du régime de Bachar el Assad.
Oui, tout cela ne donne pas les preuves. C'est vrai ! Là dessus, encore une fois, c'est une question de confiance. Alors, préfère-t-on avoir confiance en la dictature franquiste ou aux Républicains espagnols ? Préfère-t-on avoir confiance en Bachar el Assad soutenu par l'Iran ou au peuple Syrien ?
Préfère-t-on avoir confiance en la Russie de Poutine, en la Chine des descendants de Mao ?
A tous ceux qui doutent des exactions des régimes dictatoriaux, nous avons un argument simple : laissez venir en paix les fonctionnaires internationaux.
Nous n'avons pas les preuves, mais nous savons. De même que l'occident savait pour les camps de concentration nazis, de même que l'occident savait pour Guernica, de même que l'occident savait qu'il n'y avait pas d'armes de destructions massives en Irak, nous savons, l'occident sait. Ce serait bien la peine de réussir le maillage téléphonique et informatique de toute la population mondiale si on ne savait pas quand un dictateur en guerre contre sa population a décidé d'en gazer une partie.
2) Peut-on parler de guerre impérialiste ?
Bien sur que non ! Que les territoires soient des enjeux stratégiques pour les grandes et petites puissances est une évidence ! Mais l'impérialisme, ce n'est pas ça ! Le véritable enjeu pour l'occident est défensif et si l'enjeu avait été impérialiste, la guerre aurait eu lieu depuis longtemps. Les puissances occidentales ont tout fait jusqu'à présent pour ne pas intervenir !
Le printemps arabe a transformé les données stratégiques mondiales. Nous avons la certitude que nous ne pouvons déléguer notre police à des dictateurs sans scrupules, type Khadhafi, Ben Ali ou Bachar el Assad. La Tunisie et les bourdes d'Alliot-Marie nous l'ont définitivement enseigné. Le mouvement arabe vers la liberté est irréversible, de la même manière que, bien au delà de la défaite militaire, la marche de l'Espagne vers la démocratie était irréversible. Il est simplement terrible d'attendre le passage de 3 générations pour s'en apercevoir. Le rôle des puissances occidentales est précisément d'aider et de soutenir la transition démocratique.
Si quelque chose peut-être reproché à l'occident, c'est précisément de ne pas être intervenu avant.
3) La guerre aura-t-elle des conséquences ?
Hélas oui ! Mais le refus d'entrée en guerre aura aussi des conséquences. C'est d'ailleurs pour ça que Hollande parle de punition et pas de guerre. Il veut éviter un maximum de conséquences. mais ce qui se passe en Syrie touche bien sur à l'équilibre du monde. La Russie pousse ses pions et veut voir jusqu'où elle ne peut pas aller. N'oublions ni la Tchétchénie, ni la Géorgie. N'oubliions pas non plus les provocations constantes de Poutine. L'Histoire nous apprend à quel point les provocations d'une grande puissance doivent être prises au sérieux ... sans parler de leur traduction directe sur les populations. Jamais les dictateurs n'ont de reconnaissance face aux démocraties qui reculent.
Or, sur la Syrie, nous n'avons fait que reculer, sans aucun égard pour les démocrates Syriens pris en étau entre la dictature El Assad, les puissances salafistes, El Qaida et les mafias.
Si, après avoir dit qu'il fixait la limite de sa non-intervention à l'utilisation d'armes chimiques, l'occident recule encore, les conséquences seront terribles, à moyen ou à long terme, et ce, quelque soit l'état de l'opinion publique face à la guerre. Souvenons nous, en juillet 40, la France comptait 90 % de pétainistes.
2 commentaires:
Bonjour ,
Je suis sensible bien entendu à la détresse du peuple syrien mais il y a un mais . Je vous rappelle que l'ONU est la seule instance garante de la paix dans le Monde . il faut donc son accord pour pouvoir intervenir sans risquer une déstabilisation du Monde . Je sais que ce n'est pas évident à cause des Russes notamment mais les grandes puissances doivent se mettre d'accord sinon c'est la fin de l'ONU . Je suis de gauche et pour le respect du droit international .
Cordialement
un militant PRG
Si la stabilisation du monde consiste à l'oppression des peuples, il faut savoir réagir. Le rôle de la Chine et de la Russie, la faiblesse de l'Europe ne doit pas nous amener à accepter l'inacceptable, sinon, que sera l'Onu dans quelques années ? Bien sur, ce serait mieux, si l'Onu ... si la Russie était revenue à ce qu'elle semblait vouloir devenir ... nous n'en sommes pas là et notre devoir est de faire le plus que nous pouvons quand nous le pouvons. N'oublions pas ces deux préceptes qui guident la politique depuis que l'humanité existe : la politique est un rapport de force, la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens. Ne négligeons pas notre responsabilité vis à vis de l'Histoire
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