Résumé de l'épisode précédent : l'émiettement des pouvoirs est allé au bout de sa logique pernicieuse. En 1995, le changement de majorité à Louviers esquisse les prémices d'une intercommunalité de projets avec le rapprochement de Louviers, Val de Reuil et Incarville.
Restait cependant à construire le projet et à configurer l'intercommunalité. Qui ensemble, pour faire quoi ? En gros, c'est ce que l'Administration, dans son génie, a dénommé l'intérêt communautaire.
Or l'intérêt communautaire était difficile à définir pour deux raisons : la première était qu'on vivait autour de Louviers dans une culture de l'isolement communal (mieux vaut un petit chez soi qu'un grand chez les autres), et la deuxième provenait de ce qu'on était dans un territoire peu évident.
Si l'on comparait l'agglomération de Rouen ou d'Elbeuf (qui n'avaient pas encore fusionné) on avait une ville centre entourée d'une banlieue conséquente ... Rien de ce type autour de Louviers. Bien que cette commune soit un pôle important, réunissant collèges et lycées, équipements structurant, jamais ni Pont de l'Arche, ni Val de Reuil, ni aucune autre commune n'aurait pu être considérée comme une banlieue...
Et pourtant !
Pourtant, la notion de bassin de vie est une évidence, tant les déplacements domicile, travail, loisirs, vie scolaire se situent dans un même cadre et nécessitent une réflexion sur l'organisation du territoire.
Plusieurs éléments en soulignent la réalité, et je ne prendrais que quelques exemples qui sont autant de clins d'oeil de l'histoire.
En 1992, le Pacte urbain, structure intercommunale est créée à l'initiative de l'éphémère ministre de la Ville François Loncle (le député de la circonscription remplace Bernard Tapie qui vient de créer le ministère avant d'être remercié du gouvernement). Il s'agit sans doute de faire verser quelques subsides dans la circonscription qui l'a élu député. N'empêche, cette structure méprisée par Odile Proust et Bernard Leroy, dans un territoire largement dominé par la droite, se voit présidée par Paulette Lecureux, maire socialiste de Pont de l'Arche. Ce sera la première expérience intercommunale sur un territoire qui amène les communes allant de Louviers au Vaudreuil et à Pont de l'Arche à travailler ensemble. Déjà on relie les deux cantons de Louviers, de Pont de l'Arche et de Val de Reuil.
Autre clin d'oeil, cette carte des 4 cantons sera la même que celle réorganisant les paroisses pour les besoins pratiques d'une église en perte de vitesse. Les paroisses, ancêtres des communes, montraient le chemin d'une intercommunalité.
Ce n'est pas tout, car d'un point de vue historique, depuis le moyen âge, Pont de l'Arche et Louviers se sont succédé en tant que juridiction ... mais sans doute le point d'orgue de leur complémentarité politique est-il donné lorsque Pierre Mendès France, alors maire de Louviers choisit de se faire élire sur le canton de Pont de l'Arche.
M'enfin toute cette série d'anecdote ne doit pas faire oublier que la création même de Val de Reuil était la reconnaissance d'un besoin de structuration de ce territoire mal défini.
Au départ Etablissement public du Vaudreuil, cette création de l'Etat devait imposer une métropole (retenez bien ce nom !) d'équilibre à 20 km au sud de Rouen. A y réfléchir, tous ces éléments démontrent que quelque chose était à construire autour de ce qui est devenu, après bien des difficultés l'agglomération Seine-Eure.
La réussite du projet,le fait qu'il se soit imposé après deux contrats d'agglomération et le dixième anniversaire de la structure, le quinzième du début des démarches intercommunales montre la réalité d'un territoire qui n'aurait jamais pu s'imposer si facilement dans le cas contraire ... même si, bien sûr, sans le travail et la volonté de Franck Martin, ce territoire serait probablement passé à coté de sa propre histoire.
à suivre ...
Prochain épisode : le travail de Franck Martin
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