Plus d'une centaine de personnes ont assisté à la réunion organisée par Michel Champredon autour de Guillaume Bachelay et Nicolas Mayer-Rossignol , auteur de l'ouvrage "la gauche après la crise".
Je serais tenté de reprendre la formule qui a fait la gloire du Charlie hebdo de la belle époque : "je l'ai pas vu, je l'ai pas lu, mais j'en ai entendu causer ...". Avec comme excuse suprême que j'en ai entendu causer par les auteurs eux-mêmes... et comme autre précaution oratoire celle-ci : il ne s'agit absolument pas pour moi de dégoûter qui que ce soit d'acheter l'ouvrage.
De même, de cette soirée, je voudrais commencer par retenir quelques aspects positifs essentiels.
Le premier, vous l'aurez deviné : le monde. Les photos reprises sur le face book d'Anne Mansouret (je la remercie d'autant plus de les utiliser sans vergogne que je ne lui ai pas demandé l'autorisation) ne donne qu'une faible idée du monde présent. Cela confirme dans la lignée des cafés radicaux, qu'il y a une véritable attente à gauche de débats... Sans doute aussi peut-on estimer que le débat est d'autant plus vif autour du parti socialiste, que celui-ci a montré lors des régionales sa puissance en terme pôle d'attraction et que la perspective d'enjeu politique nationaux lui donnent de nouvelles responsabilités.
Le deuxième point : la remarque préliminaire de Guillaume Bachelay : on parle beaucoup de volatilité de l'électorat, mais qu'on en s'y trompe pas, il y a une grande cohérence. Guillaume Bachelay a illustré géographiquement cette cohérence en situant à l'est d'une ligne Le Havre Montpellier les phénomènes inquiétants de l'élection tels que le très fort absentéisme et la montée ou plutôt le maintien d'un front national fort.
Sur ce deuxième point, je voudrais faire part de mon accord total et que la géographie a elle seule ne suffit pas à illustrer, mais nous y reviendrons.
C'est bien la France qui a dit non à l'Europe en 2005, qui a voté majoritairement Sarkozy deux ans plus tard, et qui le rejette à présent...
C'est aussi la même France qui a mis le parti socialiste dans les choux aux européennes, le plaçant à plusieurs reprises derrière les écologistes .. avant de le placer quelques mois plus tard en force structurante de la gauche.
Je schématise les comportements comme suit, et tels que je les ai vécu.
Le vote anti-européen a été un vote de crainte, de rejet d'un monde ouvert et dangereux. C'est cette angoisse que le vote Sarkozy a confirmé. Là encore un vote appelant à la certitude, un vote sur les valeurs passées, travailler plus pour gagner plus. Un vote d'appel à une reconnaissance, qui a été celui des petites villes contre celui des grandes villes, un vote des personnes installées craignant de perdre ou de perdre encore plus, un vote permettant de croire que l'on pouvait gagner encore.... C'est à cette angoisse là que la gauche est incapable de répondre depuis des années.... Et c'est cette angoisse là qui est ravivée par le pouvoir de Nicolas Sarkozy... Et c'est ce qui explique aussi la très forte déception à l'égard de Nicolas Sarkozy. Tous les excès sarkozystes sont des erreurs fondamentales parce qu'au lieu de répondre aux attentes populaires, il ne répond qu'à ses propres attentes alors qu'elles sont de moins en moins confondues. A noter que parmi les retours de la campagne électorale des députés de droite figuraient parmi les premiers reproches la nuit au Fouquet's qui n'était toujours pas digérée...
Autre point à analyser : le vote écologiste aux européennes qui a nettement baissé lors des régionales. Pourquoi ? A mon avis parce que le vote écologiste signifiait d'une part une défiance vis à vis des socialistes qui, il est vrai avaient fait très fort pour détériorer leur image (tricherie pour éliminer Ségolène Royal, déchirement au congrès de Reims ... et absence de ligne programmatique) et bien sûr défiance vis à vis du pouvoir en place. Les régionales ont permis de rationaliser ce vote. On a voté socialiste parce que c'était l'efficacité d'une institution anti-sarkozyste qui était plébiscitée .... Mais attention, tel ne sera pas le cas à la prochaine présidentielle.
Les pièges à éviter sont nombreux. Au premier rang de ceux-ci figure la tentation hégémonique. Le vote écologique est bien plus faible aux régionales qu'aux européennes, j'ai expliqué pourquoi. Mais il est bien présent. On peut noter d'ailleurs que là où les écologistes se sont maintenus, ils ont fait en général et au moins en Bretagne et en Rhône Alpes un score supérieur à celui du premier tour. Cela amène forcément à penser aux présidentielles.
On l'a un peu vite oublié, mais le danger alternatif pour le vote socialiste à la présidentielle, c'était Bayrou. A présent, c'est le vote écologiste. Si la gauche n'arrive pas par des primaires cohérentes à amener à une démarche programmatique rassurante et forte, si elle papillonne façon Royal 2007, il y aura forcément un vote alternatif fort qui la privera de victoire. L'erreur socialiste encore une fois serait de se conforter dans sa seule logique interne et de mépriser les autres courants porteur des angoisses et des attentes de la société... Et si le parti socialiste se remet dans une logique à l'ancienne portée par la vague rose des régionales et voulant rejouer le PS de 1981 avec rôle de l'Etat et tout le toutim il a perdu d'avance ... et si par miracle, il gagnait c'est à dire si la droite, ce qui n'est pas exclus lui faisait cadeau du pouvoir, ce serait la population dans son ensemble qui se débarrasserait durablement de la gauche... et bien avant les échéances prévues... L'un des moyens d'éviter ça, c'est bien sur les primaires à gauche ... un bon moyen de poser le débat.
Voilà pourquoi j'ai été personnellement très déçu de l'exposé de MM Bachelay et Mayer-Rossignal. Ils sont jeunes, c'est vrai... mais c'est pas parce qu'on est jeune qu'on doit répéter les mêmes c... imbecillités que celles que j'ai pu moi même dire il y a 30 ans. Un monde nouveau se réinvente devant nous. Il est porteur de danger... Mais ce n'est pas avec les vieilles recettes qu'on y fera face... Soyons à la hauteur de la cohérence du corps électoral.
1 commentaire:
Juste un petit détail :
La France d'aujourd'hui n'est pas la même qu'il y a quelques années, c'est justement pour cela qu'on constate que la France change, ce ne sont pas les mêmes électeurs, car il y en a qui n'ont pas voté, il y en a qui n'avaient pas encore le droit de vote l'année dernière, s'ils étaient mineurs, et d'autres sont décédés et ne votent donc plus.
La France évolue, dans un sens ou un autre, et il y a eu des réformes réalisées par la droite qui déplaisent à gauche, donc la France bouge sans arrêt et n'est jamais la même.
Sylvia Mackert
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