Café radical
Le blog d'un radical de gauche. Lieu de débat et d'informations
mercredi 8 juin 2022
Bernard Cazeneuve, contre Mélenchon reconstruire la gauche
dimanche 20 mars 2022
Le café de la Solidarité avec l'Ukraine
L'intervention de François Loncle
Le soutien de Poutine à Bachar el Assad
Les doutes de l'Europe
Les solidarités
A droite, aux côtés de Diego Ortega, Nikolai, jeune réfugié Ukrainien qui a assisté au débat. |
Une partie de l'assistance |
Quand un ex-député rencontre un ex-député, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires d'ex- députés. Ici Paul Dhaille et François Loncle échangent sur la situation en Ukraine et ailleurs. |
jeudi 24 février 2022
LA HONTE
LA HONTE
Ne me cherchez pas. J’ai honte.
La Russie mène la première guerre d’invasion portée par une
grande puissance depuis Hitler.
Les mots, les adjectifs n’ont plus de sens. J’étais si fier
d’appartenir à cette génération qui avait surmonté la guerre, créé l’Europe,
réalisé la décolonisation … même avec des loupés, même avec d’horribles loupés
… mais tout cela semble dérisoire.
Quelle importance que je me sois battu contre ceux qui sous
l’œil complaisant intéressé de Poutine, ont participé au démantèlement
de l’Europe … les brexiters, les opposants à une fédération européenne,
l’extrême droite nationaliste, la gauche soi-disant patriote, les partisans du
repli sur soi. Ceux qui pensent que l’élévation d’un mur peut suffire à
repousser une explosion nucléaire. Ceux qui ne le pensent pas mais encouragent
ceux qui pensent ainsi.
On me dira que j’exagère. Mais non. C’est Poutine qui exagère.
Quand il intervient en Ukraine, ce n’est pas parce que l’Ukraine instaure une
dictature … non c’est juste que l’Ukraine est un état démocratique. Un Etat où
l’on peut critiquer le chef du gouvernement sans se retrouver en prison et
mettre sa famille en danger. Petit clin d’œil à ceux qui osent parler de
dictature sanitaire. Les mots ont un sens.
Ne me cherchez pas. J’ai honte.
Les chars s’imposent sur le tapis de bombe déposé par
l’aviation. Voilà pour la première phase triomphante. Demain, Poutine imposera
sa police. Ce sera plus difficile, horriblement difficile. Face à une
résistance déterminée. Tout en atteste. Mais il ne faudra jamais oublier qu’il
ne s’agira pas d’un problème interne mais une question universelle.
J’ai assisté dans le dépit à la démobilisation l’indifférence
des jeunes générations capables de défendre les droits chez eux, mais incapable
de se mobiliser sur la questions des droits de l’homme en Syrie, face à l’abominable
Bachar El Assad soutenu par Poutine et envoyant des armes chimiques contre
son propre peuple. Capables de se mobiliser sur la question de la nature mais préparant
l’invasion d’un pays voisin par une puissance nucléaire.
J’arrête ici. Je n’ai de leçon à donner à personne. Trop
vieux. Ma rancœur n’est après tout
qu’une réponse à la honte. Histoire de tenter de m’exonérer de mes
responsabilités.
Une seule chose, malgré ce sentiment envahissant, si
quelqu’un pense que ma modeste personne peut servir à quelque chose dans les
indispensables logiques de résistance qui s’annoncent, je serais là. En petit
colibri puisque je n’ai ni les ailes d’un aigle et encore moins d’un ange… ou
mieux : en ver de terre.
Je retourne à ma honte. Honte d’avoir honte.
mardi 27 juillet 2021
Au revoir Dominique
Tu es parti sans que j'ai le temps, ni moi ni personne du reste, de te dire au revoir.
Dominique MASSON au service communication. Photo de Judith ALCALA |
Je sais que ce que tu as vécu de plus fort pour ta ville, tu l'as vécu en partie à mes côtés. Tu as été de toutes les aventures de la gauche lovérienne pendant un quart de siècle, et ça, ce n'est pas rien. Ta générosité, ta curiosité, ton ouverture d'esprit, la finesse de tes analyses, tout ça tu l'avais mis au service de ton engagement pour ta ville et les valeurs que tu défendais avec exigence : la créativité, l'épanouissement, l'intelligence, la liberté, l'égalité et la fraternité : la gauche, quoi !
La Ludothèque que tu as accompagné dès sa naissance, le militantisme contre Odile Proust puis la volonté d'agir et de participer à l'épanouissement de la cité, le cabinet de Franck Martin, la communication, la culture, le spectacle vivant, le Moulin dont as encore accompagné la naissance ... que de souvenirs au service de Louviers.
Tu es parti tout seul, alors que le collectif était tout pour toi. Tu faisais partie de ma vie, de mon engagement comme de beaucoup de ceux qui t'ont approché.
En leur nom, je te dis merci de nous avoir accompagné, et à bientôt là haut, même si ça peut faire drôle pour un athée comme toi. Tu aurais juste tout fait pour créer du bonheur sur terre, autour de toi, ici et maintenant.
Merci à Judith Alcala de m'avoir transmis ces photos témoignages de ton engagement.
lundi 19 juillet 2021
Un Grand Tour, et puis s'en va
Laurent le savait sans doute. Il m'est impossible de résister à un tel appel. Cela remonte au moins à l'enfance. La faute sans doute à mon grand frère qui jouait aux coureurs avec ses copains sur un circuit de Monopoly sur lequel il inventait des montées et des descentes, des contre la montre et du plat, pour un peu, il y aurait mis du vent. Après il y avait des billes propulsées à coup de pichenettes dans le bac à sable au pied de l'immeuble. Il jouait aux coureurs tout le temps. Il avait une grande photos qu'il avait punaisé sur le mur (on ne disait pas encore un poster) et c'était la photo d'un jeune champion, et il me disait : tu vois, ce gars là, il remportera un jour le tour de France. C'était Poulidor, on sait ce qu'il en est advenu.
J'ai déjà parlé de mon ami Laurent Grandsimon, notamment à l'occasion de ce cyclo-voyage effectué il y a cinq ans et qui devait m'amener en Sicile. Je l'ai rencontré à Ramatuelle lors d'une université d'été des Radicaux de Gauche. Il est devenu depuis maire de Luz Saint Sauveur, commune située au pied du Tourmalet et dont fait partie Luz-Ardiden, la fameuse station de ski, par ailleurs ville étape du Tour de France cet année. Il est aussi devenu Président du Parc National des Pyrénées, et référent national des parcs nationaux en France. Bref, avec tout ça, j'aurais bien compris qu'il m'ait pour partie oublié. En fait, il m'a fait comprendre que je n'avais rien compris du tout, et il m'a annoncé lundi dernier qu'une place se libérait et qu'il était prêt à m'héberger si je souhaitais assister à l'arrivée de la 18e étape du Tour de France.
Cette invitation se refusait d'autant moins qu'elle est aussi un hommage à l'amitié au delà d'un hommage à l'épreuve mythique.
Et voilà pourquoi j'ai passé mon 14 juillet à faire les 1000 bornes qui me séparaient du Tour de France. Voilà pourquoi j'ai passé mon 16 juillet à refaire le chemin à l'envers. Et voilà comment j'ai passé le 15 juillet à savourer le bonheur de vivre en direct la plus belle étape du Tour 2021, Président de la République compris.
Mon but est juste de rendre hommage à l'événement et à celui que je souhaite pouvoir devenir dans les mois à venir le député que la circonscription mérite. Je l'ai vu agir de près et de loin. Me contentant de contacts pris au fil de l'eau tout en me mêlant à la foule impressionnante de la première étape de montagne à laquelle il m'ait été donné d'assister.
Ainsi, la foule, dont on me dira par la suite qu'elle était plus maigre que d'habitude mais porteuse autant de la joie d'être là, ensemble, que de voir passer des coureurs allant forcément moins vite que sur le plat et dont on a le temps de mesurer comportements et stratégies différentes au fur et à mesure des passages forcément étalés en fin d'étape.
Des remerciements particuliers à Marty Jemeson, ancien coureur du Tour, qui a couru à l'US POSTAL, devenue depuis équipe maudite. Marty donne une image bien plus mitigée et loin des caricatures du cyclisme professionnel. De même remerciements à Eric Brèche, Président de l'Ecole de Ski Français, qui a tenu des propos passionnants sur les perspectives d'évolution du ski et de la montagne en France et dans le monde. Emotion particulière en voyant Aurélien Paret-Peintre, attendu par une femme réconfortante et lui disant, bave au lèvres, qu'il n'en pouvait plus. Ce qu'on appelle aller au bout de l'effort. Enfin, remerciements à Noël Pereira, qui m'a rappelé aussi les joyeux moments des universités d'été radicales de gauche, qui n'ont malheureusement pas retrouvé tout leur lustre.
mardi 13 juillet 2021
Heureux comme un radical (de gauche) en Normandie
Il se passe toujours quelque chose à Louviers.
Après l'effort, le réconfort ! Un after-work bien mérité après cette première université d'été des Radicaux de Gauche en Normandie Merci à chacune, à chacun et à tous. |
Foi de radical, je n'aurais pas dit ça il y a encore une quinzaine de jours. Mais, là, c'est sûr, quelque chose est en train de se produire. Après le contexte de la raclée des municipales (2020), après la défaite des élections cantonales, on aurait pu croire (et, je le confesse, j'ai été parmi les premiers) que la politique, la gauche, tout ça, dans un contexte d'abstention élevée ... puis très élevée, puis beaucoup trop élevée... Bref, qu'il n'y avait qu'à aller se faire pendre ailleurs, qu'il était inutile de continuer de se battre pour ce on quoi l'on croyait puisque, tout simplement, le réel, ce satané réel, continuait de nous cogner sur la tête.
- Le premier est que quelles qu'aient été les circonstances ...( et notamment le fait que dans le cadre de cette défiance généralisée de nombreux électeurs n'ont pas reçu les professions de foi et bulletins de vote à leur domicile. Ce fait est extrêmement grave et on se dit que dans un fonctionnement démocratique normal, le 1er ministre ou, à tout le moins, le ministre de l'intérieur aurait dû proposer sa démission. Là, il ne s'est rien passé, comme si le déroulement conforme du vote n'était pas quelque chose d'essentiel. Donc, même si le gouvernement juge que ce n'est pas important, pourquoi le demanderait-on au citoyen.) le niveau d'abstention impose de se réinterroger sérieusement sur le processus démocratique.
30 % des inscrits choisissent pour tous et rien ne dit que ce chiffre ne va pas encore croître même si on peut espérer que les circonstances exceptionnelles (covid, erreurs d'information ... ) ne se reproduiront pas. - Le deuxième est que la passion politique, celle qui faisaient que des populations se situaient charnellement à droite ou à gauche, définissant ainsi leurs identités et leurs valeurs, s'est éteinte, ou tout du moins que la flamme est devenue flammèche ... pour ne pas dire veilleuse. La raison est multiple. Elle a des causes historiques, nationales et internationales, les repères sont multiples. La gauche a fait l'apprentissage du pouvoir et de la responsabilité. Elle ne peut plus être porteuse d'illusions. Il s'agit juste, ce qui est infiniment plus complexe, de démontrer que les choix politiques sont infiniment plus subtiles. La droite, elle s'en tire de manière purement démagogique, adoptant le marqueur de la sécurité. Ce qui semble ridicule, tant la droite n'a jamais démontré autrement qu'en parole son efficacité dans de domaine, lors même que la gauche n'a jamais été laxiste, même si elle a fondamentalement pour principe de lier prévention et répression comme condition de l'efficacité.
Le R assemblementNational lui-même n'est guère plus crédible et c'est sans doute le message envoyé par les électeurs.
La conséquence de l'absence de passion a été la reconduction générale des sortants. Sans doute parce que le poids des relais du pouvoir local sont plus facilement mobilisés lors même que la protestation ne passe pas par le vote mais par l'absence de vote.
Sur ce sujet on peut noter aussi que l'absence d'identification, le manque de notoriété des candidats, conséquence logique de l'interdiction du cumul, impliquant qu'on a à se prononcer pour des personnalités dont on ne repère pas assez le camp auquel ils appartiennent ou leur capacité à gérer joue bien entendu un rôle dans la désertification du paysage électoral. - Le troisième point est celui des remèdes. Le vote électronique représente un danger, et en premier lieu celui de la pression familiale ou institutionnelle (imaginons le vote organisé massivement dans une maison de retraite). Peut-on aller au delà de deux procuration ? Là aussi cela signifie à court terme une rupture dangereuse entre la population et ses représentants.
De fait, le cérémonial républicain a sa valeur. Un jeune participant rappelait que, venant de déménager, il avait fait plus de deux cent kilomètres pour aller voter. Bravo Aurélien ! Et il est vrai que, moins il y a votants, plus le vote personnel pèse lourd.
Reste la question du vote obligatoire. La mesure existe en Belgique qu'on ne peut pas appeler une dictature. Mais cette mesure doit faire l'objet d'un consensus, un peu comme la vaccination pour tous. Pour ma part, je suis de plus en plus opposé aux contraventions qui correspondent à une mesure discriminante, tant 20 ou même 100 € n'ont pas la même valeur pour une personne au RSA ou un milliardaire En revanche on pourrait très bien proposer un travail d'intérêt général, du genre, distribuer les bulletins de vote ou professions de foi, tenue d'un bureau de vote, ou autre Bien entendu, cette mesure devra faire l'objet d'un consensus, entraînant peut être une modification constitutionnelle La question se pose et il est temps d'y réfléchir sérieusement. - Car le quatrième point est le danger que pourrait impliquer l'éloignement entre les citoyens et leurs représentants. Imaginons l'arrivée au pouvoir d'un parti politique autoritaire. Avec quelles facilités il pourrait se débarrasser des scrutins locaux, qui ne représentent rien ! Déjà on peut remarquer, dans les programmes politiques envisageant la suppression des départements, ou remplaçants des élus par des tirages au sort (et l'on imagine dans un système autoritaire à quel point tout trucage serait infiniment plus facile que de tricher dans une élection démocratique. Enfin, on imagine facilement à quel point, une fois qu'on a supprimé les élections locales, on peut passer aux élections plus importantes. Le risque existe réellement, même s'il n'est pas immédiat. Je ne suis pas catastrophiste, mais il serait bon, comme le dit le chanteur d'alerter les bébés.
Ci-dessous, quelques images ... en attendant de nouvelles, mais les débats étaient si prenants que nous n'avons pas suffisamment pensé aux photos
jeudi 27 mai 2021
la tribune dont la dépêche n'a pas voulu
Transmise dans les délais, lundi matin, la Dépêche n'a pas voulu de ma tribune. Par celle-ci, j'ai juste voulu, comme le dit la formule "rendre la honte plus honteuse encore en la livrant à la publicité.
Là voici donc, fidèles lecteurs.
N'hésitez pas à partager
La
droite fonce dans le brouillard,
Attention
danger !
Rendons la honte plus honteuse
encore en la livrant à la publicité
Tout le monde a cru qu’il s’agissait d’un tract
d’extrême droite. Même blanc sur fond bleu, un titre ronflant, FAIRE FACE, qui
rappelait l’odieux FAIRE FRONT qui a fait la fortune du mouvement Lepéniste,
avant que le loup ne se déguise en grand’mère. Il fallait à un électeur normal
un effort appuyé pour se rendre compte que les visages qui se détachaient
étaient les représentants de ce qu’on ose à peine appeler la droite modérée, M.
Jubert et Mme Terlez, qui remplace la conseillère départementale Hafidha Ouadah
que la droite a privé de candidature.
Le modèle effraie d’autant plus à un moment où les
hésitations de la droite éclaboussent le monde politique, hésitant entre Front
National et soutien à Macron. La mise en page du document, n’est pas un hasard
local, il est la déclinaison de la campagne menée par le Département sous
l’influence du ministre Lecornu, et cela n’a rien de rassurant, au moment même où
le ministre de l’intérieur manifeste contre le gouvernement devant l’assemblée
national.
Cette mise sous influence a de quoi inquiéter. La
reprise du verbiage et des schémas de l’extrême droite, au moment où un
gouvernement engage ses ministres à manifester contre lui-même, va au-delà de
la démagogie. C’est, au départ, la manipulation de l’électeur mais cela peut
amener à soumettre une population en la privant des principes constitutionnels.
Cela s’appelle le populisme. Et c’est ce que doivent combattre les défenseurs
de la République.
Olivier Taconet
Référent des Radicaux de gauche pour la Normandie