Pascal-Eric Lalmy, secrétaire national du prg a expliqué avec beaucoup de pédagogie, l'histoire de la pédagogie, sa nécessaire évolution, et le rôle majeur qu'y joue la réforme des collèges |
Pascal-Éric Lalmy a, dès le départ situé clairement l'origine de la réforme, la replaçant dans un contexte historique en remontant au delà même de Jules Ferry. Ainsi, pour comprendre le collège, doit-on comprendre le lycée, celui-là même que Napoléon avait institué pour créer une élite républicaine, basée sur une logique militaire, dans le but de promouvoir des cadres au service de la Nation, en utilisant les capacités de la bourgeoisie pour les substituer aux critères aristocratiques.
Le cercle radical de Caen, s'était déplacé. Paul Besombes et Jean-Michel Julienne (animateur de cercle) ont évoqué l'intérêt de la réforme à la lumière de leur expérience. |
Ainsi est né le modèle de l'éducation à la Française, cette école républicaine, basée sur le mérite et, parallèlement sur l'exclusion.
Tant que la société était capable d'assurer une activité aux exclus du système scolaire, dans les champs, dans les usines ou dans les armées, il n'y avait pas de raison de remettre le modèle en cause. L'évolution de la société a cependant provoqué un niveau d'exigence croissant, un sentiment croissant d'exclusion et le besoin de faire évoluer en profondeur le système éducatif.
Ainsi ne peut on pas évoquer le collège sans parler de la décision d'instituer un collège unique, prise par René Haby, ministre de Giscard d'Estaing, traduction logique de prolonger la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans.
Sans doute la réforme des collèges, celle qui a suscité des réactions passionnées et récentes, est-elle la conséquence logique de la Loi Haby, ainsi d'ailleurs que, comme Pascal-Éric Lalmy le faisait remarquer, la réforme Peillon des rythmes scolaires.
De quoi s'agit-il en effet ? Plutôt que de créer des premiers de la classe, et de modéliser le reste de la classe en fonction, de travailler sur un ensemble d'individus aptes à s'insérer dans un modèle social en constante évolution, qu'il s'agisse du travail, de la vie familiale ou de tous les domaines de la vie sociale. Ne pas faire en sorte d'avoir des élèves à la recherche de notes et de la suprématie subséquente, mais de former des individus au plaisir de chercher, pas tant pour la gloire d'avoir raison ou surmonter la peur de l'échec, que pour jouir d'un épanouissement intellectuel et culturel. Cela passe aussi par la capacité d'écouter, à travailler collectivement, toutes choses qui lui seront demandées dans la vie. Ne pas chercher à créer des forts en thème, mais des individus qui verront l'intérêt de s'instruire dans leur maturité et d'aborder, latin, grec ou autres langues anciennes.
Bref, sortir du modèle français dont on perçoit de plus en plus les limites, et faire un peu comme tout le monde en évitant de sélectionner trop tôt les enfants, ce qui est le moyen le plus achevé de la reproduction des élites, et de l'insupportable exclusion que l'on retrouve d'ailleurs dans toutes les classes, que ce soit dans les collèges de banlieues que dans les plus prestigieux des établissements destinés à l'élite, Henri IV ou Louis le Grand ... instituts de formation de cadres coupés des réalités.
L'enseignement à la française a formaté toute la société. Qui ne rêve pas, des dizaines d'années après de ses professeurs, d'examens fantasmés ... qui ne ressasse des années après ses réussites et échecs qui d'ailleurs provoquent des attitudes qui autrement seraient incompréhensibles vis à vis du monde enseignant, de la part de parents d'élèves.
Le système scolaire français se doit d'évoluer. C'est l'honneur de la gauche d'avoir entamé cette réforme beaucoup plus profonde qu'elle n'y parait et qui ne sera véritablement réussie que lorsque le corps enseignant s'y sera pleinement investi. Tel était le message réjouissant délivré par Pascal-Éric Lalmy, et Jean-Michel Julienne, animateur du cercle radical de Caen et ancien principal de collège, qui ont contribué à animer cette soirée passionnante.
Merci à tous
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