Rares sont les hommes politiques qui s'en vont calmement, sans attendre la fin du mandat et avant d'être préalablement usés ou battus...
Nous avons eu le départ précipité de Lionel Jospin, théâtral et inconséquent. Il s'agissait d'une rupture mal comprise, et par son entourage et par l'intéressé lui-même. Et pourtant !
Pourtant, le temps lui a donné tragiquement raison ! Il a été par la suite incapable de faire passer un message cohérent au peuple de gauche et au peuple de France. Sa défaite marquait en fait un désavoeu plus profond qu'on ne l'imaginait. En politique, aucune défaite n'est due au hasard ... Sa défaite était la défaite de la gauche, elle marquait la fin d'une époque.
Michel Rocard n'aura pas l'occasion de perdre. Il avait annoncé qu'il ne se représenterait pas. Il dit à présent qu'il se retire de la vie politique et laisse sa place à son suppléant. Curieusement, et malgré une carrière extrêmement longue.
En fait, dès le début il se situe dans la curiosité sociale et la volonté politique. Une photo célèbre le montr aux cotés de Mendès France au Stade Charléty en mai 68. Il est du côté de ceux que les staliniens de l'époque appelaient haineusement les "faux révolutionnaires".
En fait, et c'est l'un des points communs qu'il a avec Mendès France, il a gardé une acuité pénétrante sur toute l'approche politique. Face à des socialistes qui le faisaient passer pour un vieux croulant, son dernier combat politique a été pour l'intégration de la Turquie dans l'Europe. Son ouvrage de référence date d'il y a quelques mois.
Certes, Rocard est passé à coté du pouvoir, assassiné par Mitterrand notamment. Il disait que les qualités d'un candidat ne sont pas les qualités d'un Président...Mitterrand comme Chirac représentent le miroir de cette version de la 5e République... mais l'image de Rocard reste celle d'un homme actif, d'une pensée jeune ... ce ne sera pas ce qui restera de Chirac ou de Mitterrand.
Il est de ces combattants de la vérité, toujours prêts à se remettre en question, et collant toujours au plus près d'un monde sans cesse en mouvement.
En ce sens, beaucoup plus près du radicalisme que du socialisme.
3 commentaires:
En tant que Démocrate Européen, défenseur du logiciel libre et opposant à la riposte graduée, je ne peux que saluer l'action menée par cet homme, qui siégeait depuis 15 ans au Parlement européen, et tout particulièrement, lorsqu'il sut jouer de sa grande influence pour faire rejeter en 2003, contre l'avis de l'exécutif, la brevetabilité des logiciels en Europe ;
De la même manière, il a su s'élever en France contre le projet de riposte graduée ("ces moyens de contrôle touchent aux libertés fondamentales et atteignent la culpabilité collective", disait-il) en cosignant l'amendement Bono et convaincre 88 % des députés de le voter ;
Enfin, il s'était également converti à l'idée de l'intérêt de la licence globale, qu'il reconnaissait conne étant une vraie facilitation.
Au delà des clivages politiques, je retiendrais également la lecture de son rapport sur les enjeux du numérique dans lequel il préconisait la mise en place d'une République 2.0 assise sur des pratiques d'ouverture inspirée du logiciel libre et du partage des savoirs sur Internet.
Christophe Calonne
Mouvement Démocrate de l'Eure
Délégué départemental
"plus près du radicalisme que du socialisme" c'est pourtant une liste radicale (celle de B Tapie) qui a mis un coup d'arrêt aux ambitions présidentielles de ROCARD ! ...
Bien vu Ben !
Les comportements politiciens ne recouvrent pas toujours les logiques politiques.
Le mouvement des radicaux de gauche a bien été intrumentalisé par le PS et Mitterrand à l'époque poru écraser Michel Rocard. Dont acte pour cette responsabilité partagée.
Tapie était dans l'air du temps, et Mitterrand était mieux à même de l'utiliser que Michel Rocard. C'est précisément l'idée que retient Michel Rocard quand il dit que les qualités qu'il faut pour être un bon président de la République ne sont pas les mêmes que celles qui permettent d'accéder à ce poste.
Michel Rocard avait choisi le risque d'entrer au PS pour y prendre le pouvoir. Quand il a investi les lieux, il y avait des bombes cachées à l'intérieur.
Ainsi Mitterrand a-t-il envoyé contre la liste d'un Michel Rocard reprenant un Parti Socialiste sur les genoux (usé d'ailleurs par les années de pouvoir de Mitterrand) le missile Tapie, sur la liste duquel figuraient d'ailleurs des membres éminents du PS.
Triste période pour la gauche ... dont personne n'a lieu d'être fier et que nous nous garderons bien de revendiquer.
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