mardi 19 décembre 2017

La Corse, un chantier européen ....

Plus rien ne sera comme avant 


Locales, nationales, territoriales, les élections se suivent et se ressemblent au sens où elles ne se ressemblent pas. Elles apportent toutes leur lot de surprises et d'incompréhension ... mais elles sont toutes porteuses de sens.

La marginalisation des partis classiques

Si Orthez a démontré que la gauche de gouvernement n'était pas morte, on ne peut pas dire
Pour trouver la Corse, suivez la flêche ...
juste en face de la Catalogne
que ce soit le cas de la Corse. Là, par tradition le parti socialiste est faible ... et le rôle de gauche de gouvernement est plutôt tenu par les radicaux qui cette fois se sont tellement enterrés dans de querelles claniques qu'il n'ont même pas été en mesure de présenter une liste. 

De ce point de vue, on pourrait dire qu'il s'agit d'une copie de la situation nationale à petite échelle puisque les sortants ne sont pas à même de défendre leur bilan. 

Ce n'est pas tout ! 

À cette absence de gauche cohérente, le parti communiste, allié à la France Insoumise démontre son incapacité pérenne à profiter d'une situation politique inespérée.
Mais, à dire la vérité, ces phénomènes qui méritent attention sont loin d'être les plus marquants. Pas plus que la France Insoumise, le parti du Président ne tire bénéfice de la situation. La République en Marche peine à atteindre les 12 % des votes. 
La droite elle, se divise entre une droite régionaliste et une droite traditionnelle ... Comme on est en Corse, on signalera que la droite traditionnelle est, disons, particulière, puisqu'elle réunit bonapartistes et gaullistes sous l'étiquette LR... tout ça pour obtenir 12 %. Enfin, on notera pour en finir avec les références nationales que le Front National, avec 3 à 4 % est éliminé dès le premier tour.

2/3 des voix pour les partis corses 

Restent 66 % des suffrages exprimés ! Ce n'est pas rien ... 
Au delà de l'alliance entre nationalistes et autonomistes qui recueille 45 % puis 56 % des voix au deuxième tour, il faut compter les 6 % d'un parti soutenant les clandestins ainsi qu'un parti de droite se référant à l'indépendance et qui dépasse le score de la droite nationale. 
Bref, à partir de ce scrutin plus rien ne peut plus être comme avant en Corse. 
Cette secousse terrible ne signifie certes la fin du monde. Les vainqueurs des élections se montrent très prudents et c'est sans doute cette prudence même qui leur a permis de gagner. Ainsi ont-ils réussi à sortir de l'impasse dangereuse dans lesquels s'étaient engouffrés les indépendantistes. La violence, les pratiques mafieuses, et les liens inhérents, sont la marque d'une faiblesse politique dont ils ont le bon goût de sortir. 

Une Europe fragile

Il n'empêche, la Corse affirme son identité et son besoin d'indépendance face à une Europe fragile qui n'a pas besoin de ça.
Pourtant, les crises identitaires ne peuvent être ignorées. Le Brexit, la Catalogne, la montée des extrêmes droites, en sont des symptômes manifestes. Jusqu'à une certaine époque, on pouvait se dire dans une approche généraliste qu'on allait vers la fin des vieux Etats et qu'on se rapprochait de la reconnaissance des identités locales plus ou moins puissantes dans le cadre d'une gestion européenne en réseau. 
En fait, ces dernières années ont montré au contraire la constance des Etats, structures adaptées par nature au pouvoir, en même temps d'ailleurs que leur crainte de voir se créer une Europe trop puissante. Sans doute, les poussées régionalistes sont elles un symptôme de la nécessité de dépasser l'Etat, que la construction européenne a déjà démontré. 
L'Etat français n'a pas réagi aussi mal que l'Etat espagnol face à la poussée indépendantiste. Il est vrai que les vainqueurs des dernières élections disent qu'il n'est pas question d'indépendance ... pour l'instant ! Il ne faut pas oublier toutefois qu'ils ont été élus pour quelque chose. Il faudra bien, en France, comme en Espagne, répondre à la volonté populaire ... alors qu'ils n'en ont pas les moyens.

Pour l'instant ...

Mais si la solution, une nouvelle fois, était européenne. Bien sûr, l'Europe n'est pas faite pour ça ... Sauf que l'Europe a passé son temps à résoudre les problèmes pour lesquels elle n'avait été conçue au départ. 
De tout point de vue, identitaire, politique, juridique, économique, c'est un nouveau chantier qui s'ouvre en Europe. 

Ci-dessous, les résultats des élections territoriales en décembre 2017 en Corse, repris de wikipédia. 
Tête
de liste
ListePremier tour9Second tour10Sièges
Voix%Voix%#+/-
Gilles SimeoniPè a Corsica54 21145,3667 15556,4641Increase2.svg 17
Jean-Martin MondoloniDroite régionaliste17 89214,9721 75518,2910Increase2.svg 10
Valérie Bozzisoutenue par LR - CCB15 26612,7714 95012,576Decrease2.svg 5
Jean-Charles OrsucciLREM13 45511,2615 07412,676Increase2.svg 6
Paul-Félix BenedettiRinnovu7 9966,69Steady.svg 0
Jacques CasamartaCI - PCF - Ensemble !6 7885,68Decrease2.svg 3
Charles GiacomiFN3 9173,28Decrease2.svg 3
Total119 525100118 93410063Increase2.svg 12
Suffrages exprimés119 52597,90118 93496,74
Votes blancs1 2421,022 0801,69
Votes nuls1 3161,081 9221,56
Total des votants/participation122 08352,17122 93652,63
Abstentions111 90547,83110 63947,37
Inscrits233 988100233 575100
Les quatre listes arrivées en tête peuvent se maintenir et éventuellement fusionner. Bien que les deux listes suivantes ait pu fusionner défaut de se maintenir, aucune fusion n'a lieu. La dernière liste n'a pu quant à elle ni se maintenir ni fusionner. 

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