Que restera-t-il de ce dimanche ? Que restera-t-il de ce 11 janvier, où, 4 jours après le plus horrible attentat qu'elle ait connu la France a réagi d'une manière historique. 3,7 millions de personnes dans la rue. Record battu. Plus qu'un hommage à Charlie Hebdo et aux valeurs républicaines, il s'agit d'un événement historique dont l'avenir dessinera l'ampleur.
Il ne s'agit pas de voir ce qu'on ne peut y voir. Je celle de Daniel Cohn-Bendit. Je la cite d'autant plus volontiers qu'elle vient d'un personnage si intelligent, si lié à Charlie Hebdo et dont je me sens si proche, qu'elle m'a davantage marqué.
- Ceux qui ont chanté la Marseillaise pour Charlie Hebdo n'ont rien compris, a-t-il dit ...
Pour moi, c'est Daniel Cohn-Bendit qui n'a rien compris, et l'on peut d'autant plus étrange venant de sa part que de vouloir donner des leçons au peuple.
Il ne s'agissait bien sur pas, et ce dimanche moins que jamais, de montrer qu'on avait bien compris les leçons de Charlie Hebdo, des leçons qui, je l'assure, n'existent pas. Voilà pourquoi, ceux qui prétendaient fièrement qu'ils étaient Charlie, étaient plus Charlie que Charlie lui-même. On peut le regretter, comme Dany Cohn Bendit, mais c'est comme ça.
J'ai été le premier à être surpris lorsque la Marseillaise a retenti dans la cour de la Mairie de Louviers. Quel paradoxe ! Voir Cabu, Wolinski, et cette bande d'anar saluée par l'hymne national, comme pour n'importe quelle cérémonie patriotique !! Et pourtant ...
Pourtant, il y a pire ... ou mieux , il y a eu les hommages rendus à la police, au drapeau Français ... Eh oui !
Il en est des artistes comme de leurs œuvres ... leur portée dépasse leurs auteurs.
Les circonstances ont voulu que Cabu, Wolinski, les dessinateurs, soient assassinés en même temps que des policiers, en même temps bien sur que de simples passants, en même temps que des clients d'une épicerie kasher, tués parce qu'ils devaient être juifs ... bien que je ne mette pas sur le même plan l'attentat de la porte de Vincennes et celui de Charlie Hebdo ...
Alors, oui, c'est comme ça. Chacun est devenu Charlie depuis 4 jours. C'est d'ailleurs ce qui pouvait arriver de mieux, même si, forcément, s'il y avait eu 2,7 millions de lecteurs de Charlie en France, cela se serait su. Bien sur, que parmi les chefs d'Etat qui ont accompagné François Hollande et les manifestants parisiens se soient mêlés quelques ennemis de la liberté dans leur propre pays voire quelques dictateurs cela dérange. Bien sur, voir Google annoncer qu'il est Charlie, revenir de la manif parisienne et voire la société d'autoroute annoncer elle aussi qu'elle est Charlie, ça fait bizarre ...
Bizarre aussi cette ambiance au sein de manifestations sans partis, sans mot d'ordre, sans banderole ... Des manifestations entre deuil de personnes aimées, et joie de se retrouver nombreux, entre colère et satisfaction, entre peur et confiance ... Il y avait tout cela dans les manifestations qui ont essaimé dans notre belle France.
Mais il y a une chose qui est bien plus importante et qui va au delà de la confusion que j'ai ressenti à Louviers comme à Paris, c'est la mobilisation populaire. si les chefs d'Etat sont venus, ont voulu venir, peut-être, sans doute Est-ce parce que le Président leur a demandé, mais il n'y aurait pas eu cette ampleur, cette présence, si le Peuple n'avait été là.
C'était le peuple de France, en rendez-vous avec son destin. Dans ce cas, le peuple n'a de leçon à recevoir de personne ... Et c'est à chacun de prendre auprès de lui ses leçons. Ne pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit ... ne pas lui dicter non plus de comportement sans toutefois renoncer à ses convictions.
C'est ainsi que l'on est Charlie.
lundi 12 janvier 2015
samedi 10 janvier 2015
Ah les salauds !
Il peut s'agir d'une bande d'idiots, une bande pouvant commencer à partir de deux personnes.
Il peut aussi s'agir d'un geste calculé, mesuré.
En tous les cas ce geste qui consiste à semer la haine au moment où tout pousse à la réconciliation et à l'entente est proprement insupportable.
Dans la nuit, "on" a tagué une svastika, symbole nazi, sur le mur de la mosquée de Louviers.
Je parie que les dangereux connards qui ont fait ça ne savent ni ce qu'est le nazisme, ni ce qu'est l'islam. Ils sont en ceci proche des terroristes islamiques qui ont tué mes amis de Charlie Hebdo. Mais pas seulement, puisqu'ils exécutent à la lettre la volonté des brutes téléguidées qui ont commis l'attentat du 7 janvier : faire en sorte de provoquer une chaîne de réactions de haines dans le but de semer la guerre civile.
C'est bien pour ça que le fait que les auteurs du geste inqualifiable commis la nuit dernière sont des salauds.
Je sais ce que l'islam a apporté à l'humanité. Je sais, malgré le masque hideux dont s'affublent aujourd'hui ceux qui osent s'en réclamer, que l'islam a été aussi le refuge de l'ouverture et de la tolérance face à la chrétienté de l'inquisition.
Les musulmans sont mes frères. Au même titre que les chrétiens. Au même titre que tous les humains, qu'ils croient ou non.
Et ce plus que jamais depuis le 7 janvier.
En tant que Charlie, je tiens à faire part à tous les musulmans de Louviers de ma solidarité face aux semeurs de haine.
vendredi 9 janvier 2015
Bravo Charlie ! Bravo Louviers !
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Une petite partie de la manifestation, prise du kiosque. Une large part de l'histoire de Louviers est redevable à Charlie Hebdo. Photo reprise d'actu@louviers. |
Actu@louviers, le journal de la ville de Louviers parle de 1000 manifestants, comme Paris-Normandie. Pour moi et pour ceux qui en parlaient autour de moi, il y en avait beaucoup plus. D'habitude on dit : 1.000 selon la police, 3.000 selon les organisateurs. sauf que les organisateurs n'ont rien organisé du tout. L'initiative est juste venu de deux copains, qui ont informé la mairie, la presse et puis qui ont fait relayer la nouvelle par sms, mail et Facebook avec pour seul mot d'ordre "passe à ton voisin".
Ainsi, en quelques heures, hors des circuits officiels, à partir d'une démarche individuelle, Louviers aura connu sa plus grosse manifestation politique depuis très longtemps. Sans contrainte, sans pression morale ou politique, une foule s'est mobilisée. Pour le seul besoin d'être présent. Il s'agit d'un phénomène exceptionnel, à l'image de ce qui se passe dans le pays autour de Charlie Hebdo.
Les organisateurs n'ont rien organisé du tout. Il y avait juste un appel. Une prise de parole minimale. Un flou. Une marseillaise. Un mot d'ordre : je suis Charlie, bien sur. Et un bruit qui court : on veut défiler dans la rue. Un retour : le maire ne veut pas. Pas le droit. Une réponse : on y va quand même ... et c'est parti pour un défilé impressionnant au cœur d'une ville où les commerces, la plupart, avaient affiché le déjà fameux "Je suis Charlie". J'ai pensé que ça devait ressembler à ça, les défilés en Octobre 89 dans les rues de l'ancienne Allemagne de l'Est, quand les gens défilaient avec un seul mot d'ordre : "Wir sind ein Volk, Nous sommes un peuple". Je pensais : Louviers est sans doute la ville qui, de par l'action d'Ernest Martin, par l'autogestion menée par Henri Fromentin, par la gestion de Franck Martin, symbolisée par l'organisation du festival d'humour et de presse (grâce soit rendue à Daniel Chabouis, porteur de cet esprit) ... Louviers est sans doute la ville française par excellence, celle qui a été le réceptacle puissant de l'émergence de ce mouvement d'émancipation qui a fait la France de l'après mai-68.
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Louviers est Charlie, à jamais |
Hier soir, le seul mot d'ordre était "Je suis Charlie", le seul chant était La Marseillaise. C'était comme si, tout soudain un peuple se réveillait, se réunissait et découvrait qui il est. C'était comme si le débat lancé petitement par Sarkozy et que tout le monde a heureusement oublié sur l'identité nationale avait trouvé là son aboutissement. C'est Charlie Hebdo notre Identité Nationale ! C'est Charlie Hebdo notre Marseillaise. C'est la joie, c'est la liberté d'expression, la fraternité et l'égalité. Voilà le grand message que les terroristes auront réussi à faire passer. Voilà le démenti à Houellebecq ... Non la France n'est pas prête à accepter n'importe quoi. Non, la tolérance ne veut pas dire qu'on peut tolérer les assassinats, la soumission à l'ordre établi ou aux églises.
Bêtes et méchants, les terroristes ont cru mettre fin à l'esprit français en tirant sur un groupe d'individus.
Quelle naïveté ! Pour effrayante qu'elle soit, la kalachnikov ni aucune autre arme ne peut rien contre les esprits.
Bien sur, imaginer nos anarchistes assassinés, les Wolinski, les Cabu, les Charb, les Tignous, salués par la Marseillaise tient d'un sacré paradoxe ! Ils étaient la France sans le savoir ... C'est leur assassinat qui l'a révélé. Nos ennemis dessinent notre visage.
La France est descendue dans la rue. Elle s'est affichée aux fenêtres avec les bougies des lovériens qui se sont allumées contre l'obscurantisme.
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jeudi 8 janvier 2015
Ce que la France doit à Charlie
Charlie Hebdo est né de la censure et de mai 68.
Les millions de personnes descendues dans la rue, ceux qui avaient bloqué la production pendant près d'un mois ne savaient pas de quoi ils étaient porteurs, mais ils étaient la preuve que la société française vivait une crise profonde, 20 ans après la deuxième guerre mondiale et 6 ans après la fin de la guerre d'Algérie. Le pouvoir gaulliste était à l'image d'une génération qui avait tant bien que mal préservé un semblant de cohérence, mais qui était incapable de répercuter un besoin impératif d'évolution. Bref, la société française explosait et ce n'est pas un hasard si le succès de Charlie Hebdo est né de cette opposition frontale au pouvoir central. Au lendemain de la mort du général de Gaulle en novembre 1970, face à un monde politique déboussolé, l'hebdo Hara-Kiri, créé juste après mai 68, et dévoré à chacune de ses parutions par des milliers de lecteurs, titre "Bal tragique à Colombey : un mort". C'est on ne peut plus irrévérencieux. De l'humour noir qui fait allusion à un fait divers qui a eu lieu quelques jours plus tôt et qui a fait la une de l'actualité.
De l'humour noir quand tout pousse à un hommage national en référence à l'homme qui a fait la France de l'après guerre même si la France l'a rejeté par référendum.
Et patatras ! Voilà qu'on se moque bruyamment de celui qui représentait l'institution même qui avait été remise en question par toute une génération un an et demi avant. Il y avait de quoi rendre le pouvoir fou. Celui-ci a répondu avec les moyens les plus lourds de l'époque : interdiction du titre.
Or, quel était ce titre ? Hara-kiri hebdo était en fait le prolongement d'une revue mensuelle : Hara-kiri, journal bête et méchant. Le journal qui existait depuis 9 ans s'inscrivait dans cette tradition française d'humour noir, paradoxal et irrévérencieux, se basant sur le rejet de toutes les conventions. Or ses rédacteurs, absorbés par le mouvement de mai 68, ressentant le besoin d'agir politiquement ont alors créé L'hebdo hara-kiri .
On comprend que dans ce cadre, l'interdiction du titre n'ait pas suffi pour abattre les rédacteurs de l'hebdomadaire. Ils ont alors tout naturellement créé Charlie Hebdo, prolongation naturelle du premier mensuel dédié à la bande dessinée et qui, justement s'appelait Charlie, en hommage à Charlie Brown, qui n'était alors qu'une vignette divertissante ornant quelques revues ... mais on ignorait l'importance qu'allait prendre la bande dessinée dans la vie culturelle française.
Parce que Charlie était novateur. Politiquement et culturellement.
Au delà du combat pour tout ce qui touche aux libertés et aux libertés des mœurs en
particulier, Charlie a mis en avant l'écologie et la remise en cause de l'ordre social. c'est l'équipe de Charlie qui a créé "la gueule ouverte", premier périodique écologiste, incluant schémas et démonstrations scientifiques sur toutes les questions liées à la production et au recyclage des productions humaines.
C'est dans ce cadre, et celui du refus des conventions qu'il faut resituer la candidature de Coluche aux élections présidentielles.
Qu'importe après tout le reste, c'est à dire les débats internes d'une rédaction partagée entre la confrontation entre réalité mouvante et le maintien désespéré à des postures ou à des prises de positions intemporelles.
Charlie Hebdo a accompagné les évolutions d'une société française qu'elle a contribué à bousculer. Elle a été un point de repère unique en France et dans le monde. Normal d'ailleurs, parce le moteur de Charlie, et de l'équipe qui l'a créée a toujours été l'humour et la joie, éléments par essence intraduisibles.
L'humour de Charlie, on le retrouve dans Coluche, bien entendu, dans les Bronzés, dans les Guignols de Canal +, et on peut même classer Dieudonné et Siné dans ses avatars... mais ce ne sont pas les seuls.
De ce point de vue, sans doute l'affichage généralisé du "je suis Charlie" est-il le plus bel exemple de ce que la société française est complétement imprégnée de l'esprit que Cavanna, Gébé, le Pr Choron nous ont laissé et avec eux bien entendu Wolinski et Cabu dont des abrutis sanguinaires ont pensé (mot sans conteste inadapté pour ces brutes écervelées !) se débarrasser hier.
Sans doute, ces barbares avaient-ils toutes les raisons de penser que la cible était juste. Ils n'ont choisi ni Zemmour, ni le Front National qui se répandent régulièrement sur les musulmans et l'islam. Ils n'ont pas choisi Houellebecq. Ils n'ont pas choisi ce qui représente le pire de la France, ce monde de repli sur soi, de peur de l'étranger et de sous-entendus complotistes. Non, ils ont choisi ce qui fait la grandeur de la France, sa culture ouverte et généreuse, son humour décapant, son rejet de l'ordre imposé ... parce que ça, les intégristes au service d'états terroristes ne le supportent pas.
Alors voilà, cette liberté que nous croyons acquise, ces valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité il va falloir les défendre en rejetant la peur et le refus de l'autre.
Nous ne laisserons pas s'instaurer ni le discours intégriste, ni le rejet des musulmans, ni le laxisme vis à vis des assassins, ni les principes du droit et en particulier les discours sur la restauration de la peine de mort. Ce serait un trop beau cadeau aux intégristes que de prôner la peine de mort (comme si la peine de mort aurait pu empêcher cet acte barbare et militaire) et un retour en arrière sur les valeurs et la liberté.
Notre devoir aujourd'hui, c'est d'être Charlie, plus que jamais. Si nous pleurons aujourd'hui, c'est parce que nous aimons rire.
Demain, Charlie Hebdo reparaîtra. Je m'abonne.
En attendant, pour patienter quelques images de ce que fut, de ce que reste Charlie, à jamais... sans commentaire.
Les millions de personnes descendues dans la rue, ceux qui avaient bloqué la production pendant près d'un mois ne savaient pas de quoi ils étaient porteurs, mais ils étaient la preuve que la société française vivait une crise profonde, 20 ans après la deuxième guerre mondiale et 6 ans après la fin de la guerre d'Algérie. Le pouvoir gaulliste était à l'image d'une génération qui avait tant bien que mal préservé un semblant de cohérence, mais qui était incapable de répercuter un besoin impératif d'évolution. Bref, la société française explosait et ce n'est pas un hasard si le succès de Charlie Hebdo est né de cette opposition frontale au pouvoir central. Au lendemain de la mort du général de Gaulle en novembre 1970, face à un monde politique déboussolé, l'hebdo Hara-Kiri, créé juste après mai 68, et dévoré à chacune de ses parutions par des milliers de lecteurs, titre "Bal tragique à Colombey : un mort". C'est on ne peut plus irrévérencieux. De l'humour noir qui fait allusion à un fait divers qui a eu lieu quelques jours plus tôt et qui a fait la une de l'actualité.
De l'humour noir quand tout pousse à un hommage national en référence à l'homme qui a fait la France de l'après guerre même si la France l'a rejeté par référendum.
Et patatras ! Voilà qu'on se moque bruyamment de celui qui représentait l'institution même qui avait été remise en question par toute une génération un an et demi avant. Il y avait de quoi rendre le pouvoir fou. Celui-ci a répondu avec les moyens les plus lourds de l'époque : interdiction du titre.
Or, quel était ce titre ? Hara-kiri hebdo était en fait le prolongement d'une revue mensuelle : Hara-kiri, journal bête et méchant. Le journal qui existait depuis 9 ans s'inscrivait dans cette tradition française d'humour noir, paradoxal et irrévérencieux, se basant sur le rejet de toutes les conventions. Or ses rédacteurs, absorbés par le mouvement de mai 68, ressentant le besoin d'agir politiquement ont alors créé L'hebdo hara-kiri .
On comprend que dans ce cadre, l'interdiction du titre n'ait pas suffi pour abattre les rédacteurs de l'hebdomadaire. Ils ont alors tout naturellement créé Charlie Hebdo, prolongation naturelle du premier mensuel dédié à la bande dessinée et qui, justement s'appelait Charlie, en hommage à Charlie Brown, qui n'était alors qu'une vignette divertissante ornant quelques revues ... mais on ignorait l'importance qu'allait prendre la bande dessinée dans la vie culturelle française.
Parce que Charlie était novateur. Politiquement et culturellement.
Au delà du combat pour tout ce qui touche aux libertés et aux libertés des mœurs en
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Premier journal écologiste né en 1971, La gueule ouverte c'était de par son titre ne pas avoir peur des gros mots quand la situation l'exige et la vision d'un engagement écologiste autonome. |
C'est dans ce cadre, et celui du refus des conventions qu'il faut resituer la candidature de Coluche aux élections présidentielles.
Qu'importe après tout le reste, c'est à dire les débats internes d'une rédaction partagée entre la confrontation entre réalité mouvante et le maintien désespéré à des postures ou à des prises de positions intemporelles.
Charlie Hebdo a accompagné les évolutions d'une société française qu'elle a contribué à bousculer. Elle a été un point de repère unique en France et dans le monde. Normal d'ailleurs, parce le moteur de Charlie, et de l'équipe qui l'a créée a toujours été l'humour et la joie, éléments par essence intraduisibles.
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Un excellent Wolinski, retraçant on ne peut mieux les interrogations qui ont traversé les générations en 50 ans d'existence. |
De ce point de vue, sans doute l'affichage généralisé du "je suis Charlie" est-il le plus bel exemple de ce que la société française est complétement imprégnée de l'esprit que Cavanna, Gébé, le Pr Choron nous ont laissé et avec eux bien entendu Wolinski et Cabu dont des abrutis sanguinaires ont pensé (mot sans conteste inadapté pour ces brutes écervelées !) se débarrasser hier.
Sans doute, ces barbares avaient-ils toutes les raisons de penser que la cible était juste. Ils n'ont choisi ni Zemmour, ni le Front National qui se répandent régulièrement sur les musulmans et l'islam. Ils n'ont pas choisi Houellebecq. Ils n'ont pas choisi ce qui représente le pire de la France, ce monde de repli sur soi, de peur de l'étranger et de sous-entendus complotistes. Non, ils ont choisi ce qui fait la grandeur de la France, sa culture ouverte et généreuse, son humour décapant, son rejet de l'ordre imposé ... parce que ça, les intégristes au service d'états terroristes ne le supportent pas.
Alors voilà, cette liberté que nous croyons acquise, ces valeurs républicaines de liberté, d'égalité et de fraternité il va falloir les défendre en rejetant la peur et le refus de l'autre.
Nous ne laisserons pas s'instaurer ni le discours intégriste, ni le rejet des musulmans, ni le laxisme vis à vis des assassins, ni les principes du droit et en particulier les discours sur la restauration de la peine de mort. Ce serait un trop beau cadeau aux intégristes que de prôner la peine de mort (comme si la peine de mort aurait pu empêcher cet acte barbare et militaire) et un retour en arrière sur les valeurs et la liberté.
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Je suis Charlie, comme tout le monde |
Demain, Charlie Hebdo reparaîtra. Je m'abonne.
En attendant, pour patienter quelques images de ce que fut, de ce que reste Charlie, à jamais... sans commentaire.
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mercredi 7 janvier 2015
On m'a tiré dessus !
INITIATIVE CITOYENNE A LOUVIERS
RASSEMBLEMENT DEMAIN 8 JANVIER A 19 HEURES COUR DE LA MAIRIE
SANS BANDEROLE NI MOT D'ORDRE
JUSTE EN MEMOIRE DES VICTIMES ET EN HOMMAGE A LA LIBERTE
Au départ, j'ai cru qu'on avait attaqué Charlie Hebdo !
Un simple message sur mon portable, une alerte : Le siège du journal Charlie Hebdo attaqué par des hommes armés.
Ce n'est pas la première fois que ce journal est victime d'attaques d'intégristes. Incendies, menaces ad hominem et autres persécutions. D'ailleurs, le journal faisait l'objet d'une protection particulière.
Au début, j'ai cru qu'on avait attaqué Charlie Hebdo !
Je voyais pas bien pourquoi. On parlait bien d'islam, dans le dernier numéro, mais on ne s'attaquait ni à la religion, ni au prophète. Non, on se moquait plutôt du délire islamophobe de Houellebecq et de la folie médiatique qu'il avait suscité.
Je me suis dit d'ailleurs, tiens, les islamistes s'en prennent à Charlie Hebdo, mais ni à Houellebecq, ni à Zemmour, ni au Front National, qui eux sont des vrais véhicules de haine et représentent un vrai danger pour les musulmans. Mais c'est vrai que les islamistes s'en foutent des musulmans.
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Le dernier numéro de l'hebdo hara-kiri. Celui qui est à l'origine de son interdiction à laquelle a répondu la naissance de Charlie-Hebdo |
C'est après, j'ai su ... c'était pas seulement une attaque comme il y en a eu à Libération, par exemple. Là, il s'agit de deux tueurs parfaitement formés, organisés, qui ont commencé par tirer sur l'homme en faction, et puis ont mitraillé le comité de rédaction de Charlie. Ils ont tué 4 dessinateurs, ils ont tué Bernard Maris. Riad Satouf, Wilhem, ont été miraculeusement épargnés et puis ... Et puis ils ont assassiné Charb, le rédacteur en chef, et ils ont tué Wolinski et Cabu !
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Ce n'est pas Charlie Hebdo qu'ils ont attaqué. Ils ont attaqué le sel de la France, ils ont attaqué l'emblème d'une génération, celle qui a libéré la France de ses archaïsmes, le journal qui avait bravé la censure en embrayant derrière l'interdiction d'Hara-kiri hebdo pour diffuser les idées de liberté, de débat, d'intelligence. Charlie Hebdo a, rappelons-le, lancé la grande réflexion écologique et avait défendu la candidature de Coluche.
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Mais que ce soit Fournier, Cavanna, Reiser, Coluche morts trop tôt pour échapper au massacre.
Que ce soit Bernard Maris, Charb, Wolinski ou Cabu ... ou Charlie Hebdo lui-même ... voilà, ce sont des gens sur qui on peut tirer, mais on ne peut pas s'en débarrasser. Un peu comme Jaurès, ce sont des institutions. Ils ont passé leur vie à semer, à créer, à donner du plaisir, cet horrible plaisir ennemi mortel de l'intégrisme.
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Charlie-Hebdo, instrument tragique d'une guerre sans merci |
Au début j'ai cru qu'on avait attaqué Charlie Hebdo. Maintenant, je me rends compte qu'on m'a tiré dessus.
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